LOUIS XIV

Catégorie: Portraits
Année : 1694

 

*PC.387

Âge du modèle : 56 ans

Huile sur toile
Dimensions inconnues [à mi-corps]
Localisation actuellement inconnue.

Historique :

Absent des livres de comptes et daté par les nombreuses copies réalisées dès 1694.

Bibliographie :

Dussieux, 1876, p. 175 [=Ranc] ; Roman, 1919, p. 28, 40, 41, 42, 48, 49, 54, 55, 60, 61, 67, 68, 74, 76, 77, 83, 84, 98, 118 ; Gallenkamp, 1956, p. 267, 268 ; cat. Brünswick, 1976, p. 49 ; Rosenberg et Mandrella, 2005, n° 984, p. 168 ; S. Perreau, « Joli score pour un Louis XIV le 27 octobre 2010 à Drouot », [en ligne], 14 novembre 2010, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com ; Perreau, 2013, cat. *PC.387, p. 111-112 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.382, p. 131-134.

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud (extrapolé par Ranc ?), H. 162 ; L. 129 cm. Brünswick, Herzog Anton Ulrich-Museum. Inv. n° 523. (Ancienne collection, cat. 1737).
  • 2. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, H. 163  L. 102 cm. Chambord, château. Inv. CNMHS. Inv. NE 259 (coll. duchesse de Berry ; vente Paris, Palais Galliera, Laurin-Rheims, 29 novembre 1968).
  • 3. Huile sur toile d’après Rigaud (buste ; Ranc ?), H. 95 ; L. 76 cm. Copenhague, Kunsthistoriches museum. Inv. KMSsp706 (Dépôt au palais d’Amalienborg, 1982).
  • 4. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 91,4 ; L. 72,1 cm. Dulwich Picture Gallery. Inv. DPG 85.
  • 5. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 90 ; L. 72 cm. Collection particulière (vente Paris, hôtel Drouot, Beaussant-Lefevre, 27 octobre 2010, lot 36).
  • 6. Gravé par Gérard Édelinck. En buste armé vers la droite, dans un ovale. Sous la bordure, sur le socle : « Édelinck Eques sculpsit ». Dans le cartouche du socle : « Louis XIV Roy de France ». Dans la marge au dessous : « A Paris chez Odieuvre, Md destampes quay de lEcole vis à vis de la Samaritaine à la belle Image ».
  • 7. Huile sur toile d’après Rigaud (Ranc ?), H. 88,8 ; L. 70,3 cm. Annotation postérieure en haut à gauche : Louis XIV. Vente Paris, hôtel Drouot, Boisgirard et associés, 2 décembre 2015, lot. 15.
  • 8. Huile sur toile d'après Rigaud. H. 82 ; L. 66. Bruxelles, Galerie PhC (Philippe Caudroit) ; collection particulière.
  • 9. Huile sur toile d'après Rigaud. H. 91 ; L. 73 cm. Ancienne collection Tronchin, château de Bessinge, Genève (mentionné dans l'inventaire de la succession d'Armand Tronchin, 15 juillet 1865, en tant qu’œuvre de Mignard) ; collection Xavier Givaudan en 1938, Bessinge, Genève, puis leurs héritiers ; Vente Genève, Piguet svv, 14 mars 2017, lot. 792. Illustré dans Jules Grosnier, Bessinge, 1908, p. 39. Cette version rejoint la version de Copenhague montrant le bras gauche le long du corps plutôt que plié pour prendre appui sur la hanche.
  • 10. Pierre noire et rehauts de craie blanche et argent sur papier bleuté. H. 50,2 ; L 31,5 cm. Anrienne collection Arnaud de Gramont ; par descendance Paris collection privée. Le roi est représenté en pied, vêtu seulement de son plastron d'armure et le reste d'une veste de cour brodée. Il est tête nue et son casque repose que une lourde table de milieu à entretroise et pieds décorés en balustres de volutes et têtes sculptées. Un lourd rideau recouvre en partie le dessus de marbre porte-or de la table et retombre dessous jusqu'aux pieds du monarque. Le roi, replie une main gantée sur sa hanche, regarde le spectateur, et pose sa main droite, non gantée, sur le bâton fleur-delysé de maréchal de France. Derrière enfin, des scènes de batailles que l'on retrouverera dans les exemplaires « en pied » extrapolés par Ranc et ses confrères dns l'atelier.

Copies et travaux :

  • 1691 : « Coppie du Roy » pour 188 livres (ms. 624, f°7). Cette mention fut comprise par Roman comme une copie du portrait du jeune prince de Danemark, « à présent roi », peint en 1691 [*P.242] et 1693 [P.314].
  • 1694 : « Une coppie du Roy pour M[onsieu]r le m[aréch]al d’Harcourt » pour 120 livres (ms. 624, f°10).
  • 1694 : « Une [copie] du Roy pour M[onsieu]r de Pontchartrain » pour 140 livres (ms. 624, f°10, v°). Le commanditaire peut être identifié comme Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain (1643-1727).
  • 1694 : « Une [copie] du Roy pour m[onsieu]r Levesq[ue] de verdun » pour 120 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une [copie] du Roy pour m[onsieu]r Rancq le pere » pour 40 livres (ms. 624, f°10, v°). Le commanditaire est Antoine Ranc, peintre de Montpellier dont le fils travaille entre dans l’atelier de Rigaud.
  • 1694 : « Une [copie] du Roy pour m[onsieu]r Galloy » pour 126 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une [copie] du Roy pour m[onsieu]r Groüin » pour 126 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une [copie] du Roy p[ou]r mad[am]e La marq[uise] de Chatillon » pour 100 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une [copie] du Roy p[ou]r m[onsieu]r Keiler » pour 110 livres (ms. 624, f°10, v°). 
  • 1694 : « Une [copie] du Roy p[ou]r m[onsieu]r Lallemand » pour 40 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une [copie] du Roy p[ou]r m[onsieu]r Le Comte de Guldenleu » pour 124 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une [copie] du Roy en grand p[ou]r m[onsieu]r de Caudemont » pour 400 livres (ms. 624, f°10, v°). 
  • 1694 : « Une [copie] du Roy p[ou]r m[onsieu]r Lullier » pour 440 livres (ms. 624, f°10, v°). 
  • 1694 : « Une [copie] du Roy en grand p[ou]r m[onsieu]r le ma[recha]l de bouflers » pour 600 livres (ms. 624, f°10, v°). 
  • 1694 : « Une [copie] en buste pour le même seigneur [Boufflers] » pour 140 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une du Roy p[ou]r m[onsieu]r langlois » pour 400 livres (ms. 624, f°10, v°). Sans doute Pierre Langlois de La Fortelle (1657-1719) qui sera peint en 1701 [*P.719].
  • 1694 : « Une du Roy p[ou]r m[onsieu]r Delafontaine » pour 50 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une du Roy p[ou]r m[onsieu]r le marq. de Croissy » pour 140 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une du Roy p[ou]r m[onsieu]r felix » pour 80 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une du Roy p[ou]r m[onsieu]r fagon » pour 140 livres (ms. 624, f°10, v°).
  • 1694 : « Une copie du Roy » faite par Jean-Marc Nattier pour 21 livres (ms. 625, f°1 v°).
  • 1694 : Leroy reçoit 45 livres « pour trois Copies du portrait du Roy », « plus une Copie du Roy » valant 15 autres (ms. 625, f°1 v°).
  • 1694 : Verly reçoit 105 livres « pour sept copies du Roy » (ms. 625, f°1 v°), deux livres « Pour la cravate du Roy » et deux autres « pour une Ebauche du portrait du portrait du Roy » (ms. 625, f°2).
  • 1694 : Hérault reçoit 14 livres « pour une Copie du portrait du Roy » (ms. 625, f°2).
  • 1695 : Leroy reçoit 16 livres « pour une copie du portrait du Roy » (ms. 625, f°2 v°), 48 autres pour « deux copies du Roy » et 3 livres pour avoir « Ebauché un portrait du Roy » (ms. 625, f°3).
  • 1695 : Taraval reçoit 32 livres « pour deux copies du Roy » (ms. 625, f°3).
  • 1696 : « Une [copie] du Roy pour mons[ieu]r Chambelain » pour 140 livres (ms. 624, f°12 v°).
  • 1696 : « Une [copie] du Roy pour mons[ieu]r fermé » pour 100 livres (ms. 624, f°12 v°). 
  • 1696 : « Une [copie] du Roy pour mons[ieu]r D’argençon » pour 100 livres (ms. 624, f°12 v°). 
  • 1696 : Taraval reçoit 28 livres « pour deux copies du Roy » (ms. 625, f°4), probablement l’une des copies de l’année.
  • 1696 : Parrossel reçoit 70 livres pour « un [fond] pour le Roy et un autre pour Me De La brosse » (ms. 625, f°4), probablement pour l’une des copies de l’année.
  • 1696 : Leroy rest rétribué une somme inconnue pour avoir « ébauché une copie du Roy » et réalisé « une Copie du Roy en buste » (ms. 625, f°4 v°).
  • 1696 : Jean Ranc reçoit 28 livres 16 sols pour avoir « ébauché une grande Copie du Roy » (ms. 625, f°4 v°).
  • 1697 : Jean Ranc reçoit 100 livres « pour une copie du Roy en pied », 36 livres « pour deux copies du Roy en buste » (ms. 625, f°4 v°), « Plus une copie du Roy armé » pour 30 livres, « plus finy deux autres copies du Roy » pour 40 livres (ms. 625, f°4 v°).
  • 1697 : Leprieur reçoit 30 livres pour « une Copie du Roy pour de M[adam]e Germain » (ms. 625, f°5 v°). 
  • 1698 : « Une [copie] du Roy pour m[onsieu]r le Colonel tetaut » pour 140 livres (ms. 624, f°15). 
  • 1698 : « Une [copie] en pied du Roy pour M[onsieur] le ma[récha]l d’Harcourt » pour 600 livres (ms. 624, f°15 v°). 
  • 1698 : « une [copie] du Roy de même pour m[onsieu]r de la Comp[agnie] des Indes » pour 600 livres (ms. 624, f°15 v°). Roman (p. 67) avait mal lu la mention et retranscrivait : « Une du Roy de même pour M[onsieu]r de la Comp.[agnie] Desjordes »
  • 1698 : « Une autre [copie] du Roy pour M[onsieu]r le m[aréch]al de Bouflair » pour 600 livres (ms. 624, f°15 v°).
  • 1698 : « un buste du Roy p[ou]r m[onsieu]r D’albaret » pour 70 livres (ms. 624, f°15 v°). 
  • 1698 : « un buste du Roy p[ou]r m[onsieu]r le marq[uis] de Clerembaut » pour 140 livres (ms. 624, f°15 v°). René Gilier, marquis de Clérembault (1612-1713).
  • 1698 : « Une du Roy p[ou]r m[onsieu]r Germain » valant 210 livres (ms. 624, f°15 v°). Le commenditaire était probablement le fermier général Jean Germain et la copie est sans doute celle faite par Leprieur à qui l’on paya 30 livres.
  • 1698 : « Une [copie] pour [le] chevalier prudhomme » pour 70 livres (ms. 624, f°15 v°). Le commenditaire est Christophe-François Le Prudhomme, peint en 1698 [*P.578].
  • 1699 : « Une [copie] du Roy p[ou]r m[onsieu]r de Clerembaut » pour 140 livres (ms. 624, f°16 v°). Il s’agit de René Gilier, marquis de Clérembault qui avait déjà commandé un buste de Louis XIV l’année précédente.
  • 1699 : « une [copie] du Roy p[ou]r le même seigneur » pour 600 livres (ms. 624, f°17). Antoine 1er Grimaldi, prince de Monaco, qui sera peint en 1705 [PC.914]. Notons que le prince fait à cette occasion son marché chez le peintre en se portant également acquéreur d’une copie du prince de Conti (140 livres) et du Grand Dauphin (84 livres).
  • 1699 : « deux [copies] p[ou]r milord Gersey du Roy et de m[on]s[ei]g[neu]r [le grand Dauphin]» pour 280 livres (ms. 624, f°17). 
  • 1699 : « deux [copies] p[ou]r m[onsieu]r Le Comte de Molac du Roy et de m[on]s[ei]g[neu]r du Roy et de m[on]s[ei]g[neu]r » sans prix (ms. 624, f°17). 
  • 1699 : « une [copie] du Roy p[ou]r m[onsieu]r Levesque de monpellier » pour 600 livres (ms. 624, f°17). Le commenditaire est Charles-Joachim Colbert de Croissy (1667-1738), peint en 1697 [P.502].
  • 1699 : « une [copie] du Roy p[ou]r m[onsieu]r de Guiscard » pour 600 livres (ms. 624, f°17). 
  • 1699 : Leprieur reçoit 32 livres pour « Deux copies du Roy », 38 autres pour « Deux bustes du Roy  et une somme indéterminée « pour une Copie du Roy qui estoit ébauché or la tête et le rideau » (ms. 625, f°6 v°).
  • 1699 : Jean Ranc reçoit 100 livres « pour une Copie du Roy en pied » (ms. 625, f°7).
  • 1702 : Bailleul reçoit 5 livres pour « La cuirasse d’une Copie du Roy » et quatre autres pour « Une [cuirasse] pour un buste du Roy » (ms. 625, f°12, v°).
  • 1705 : Delaunay reçoit 12 livres pour « un autre [buste du roi] armé » (ms. 625, f°18).

Descriptif :

Attesté dès 1691 et 1694 par les nombreuses copies et travaux exécutés par les aides de l’atelier, le premier portrait de Louis XIV par Rigaud représente le monarque à mi-corps, en armure. Louis XIV venait en effet de prendre Namur avec l’aide de Vauban en 1692 et se trouvait à Versailles en cette année 1694. Pendant longtemps on a voulu faire correspondre cette effigie avec le grand tableau conservé au Prado, montrant le roi en pied, également en armure. On sait désormais que cette œuvre fut une variante du portrait en costume royal de 1701 que l’on envoya à Madrid pour satisfaire Philippe V qui ne put obtenir l’une des deux versions conservées aujourd’hui au Louvre et à versailles. Il faut davantage voir dans un tableau de Brünswick, la trace du portrait de 1694. D’ailleurs, l’artiste réutilisera cette posture dans son portrait d’Ulrich-Christian Gyldenlove peint en 1696 pour 994 livres. Le schéma du catalan a donné lieu à un certain nombre d’adaptations dès la production de l’original, destinées à ménager les bourses des plus susceptibles. Évoluant de 40 à 600 livres, ces copies présentent Louis XIV dans des attitudes relativement similaires mais pouvant parfois s’éloigner assez fortement de celle de l’exemplaire de Brünswick. De plus, l’habillement joint à l’armure peut annoncer le portrait de 1701, en costume royal, ce qui n’aide pas à la datation fiable de ces différentes copies diffusées partout en Europe. Ceci est notamment le cas de la version du château de Chenonceaux, empruntant différents éléments trop diffus pour être totalement imputable à Rigaud.

Victime de son succès, le maître devait sans doute déjà s’en remettre au professionnalisme des aides de son atelier comme le prouve le détail des rémunérations allouées aux collaborateurs durant les années qui suivirent : Verly reçoit ainsi 144 et 105 livres pour 14 exemplaires, deux livres « pour la cravate du Roy » et deux autres « pour une ébauche du portrait du Roy ». Jean-Marc Nattier obtient quant à lui 21 livres pour une copie, Leroy 45 et 15 livres pour un total de quatre tableaux, Barthélémy 20 et Hérault 15 pour une copie chacun. Leroy (48 et 16 livres) en 1695, Taraval 32 livres (pour deux copies), puis le même 28 livres pour à nouveau deux copies en 1696. Alors que Legros ébauche une copie du monarque, Jean Ranc reçoit 28 livres 16 sols pour une ébauche en pied. C’est sans doute lui qui informa son père, Antoine Ranc, du formidable succès de ce portrait du roi ce qui motiva sans doute l’ancien professeur de Rigaud à débourser personnellement 40 livres pour un exemplaire. Jean Ranc justement, à qui l’on prête volontiers une large participation dans l’exemplaire de Brünswick, est très probablement l’auteur à notre sens d’une adaptation conservée à Copenhague, et dans laquelle le roi est repris en buste, vêtu d’une armure partielle sur un habit galonné. On retrouve dans cette œuvre la pâte un peu figée de l’artiste et, contrairement à ce qu’indique le musée de Copenhague, il ne peut s’agir d’une copie d’après le grand portrait en costume royal de 1701 peint par Rigaud. Ce dernier prêtant au roi un visage parfaitement identique à celui figuré dans le portrait en grand costume royal, la posture de l’ovale de Copenhague représente le monarque un peu plus jeune, aux rides moins marquées. L’attitude, alliant cuirasse et habit de velours se retrouve d’ailleurs dans une autre version conservée à la Dulwich Gallery. Le roi est représenté en buste, le bras droit tendu vers ce qui devait être un bâton fleurdelisé et la main gauche tenant des gants, appuyée sur la hanche. D’ailleurs, lorsqu’Antoine Coypel échafaude son Allégorie de Louis XIV figurant Minerve assise présentant un ovale du roi (gravé par Charles Louis Simonneau « l’aîné » ; voir Le Blanc, III, p. 524, n°13), il choisit naturellement de glorifier le travail de son ami Rigaud.

Nous signalerons enfin les nombreuses analogies stylistiques existantes entre l’ovale de Copenhague et celui figurant un jeune homme anonyme, en armure, et peint par le même Ranc[1]. Ces difficultés d’interprétation, dues au succès du portrait peint par Rigaud, ne nous ont pas permis de lister avec sûreté un certain nombre d’œuvres potentiellement en rapport. Ainsi, un autre portrait de Louis XIV, attribué un peu vite à Rigaud, propose à notre avis la réunion hétéroclite des attitudes vues à Copenhague et au Prado[2].

Donnée comme « suiveur de Rigaud » par Thierry Bajou, la version conservée au musée d’Orléans n’est en réalité qu’une adaptation assez grossière du visage du souverain sur un prototype d’« homme tenant un bâton de commandement » fixée par le catalan[3]. D’autre part, nous écarterons sans équivoque de l’art du maître l’huile sur toile (H. 80,5 ; L. 65) conservée par le musée des Beaux-Arts de Dunkerque (inv. P. 504), de même que la toile conservée par le musée des Beaux-Arts de Chartres (H. 81 ; L. 68,5), entrée au musée en 1886 comme don de la ville. Mais bien loin d’être facilement identifiables, les travaux réalisés a posteriori sèment parfois le trouble. En effet, Adrien Leprieur, auteur de deux copies (32 livres), de deux bustes (même prix) est rémunéré en 1699 pour une « copie du Roy qui estoit ébauchée or[s] la tête et le rideau » (sans prix). Ce rideau, absent de la version de Brünswick doit sans conteste faire référence à la tenture galonnée d’or visible sur le portrait de 1701. Cette mention des livres de comptes est-elle donc justifiée à cette date ? Prouve-t-elle que l’effigie en costume de sacre avait déjà été imaginée quelques années auparavant ? La même année Ranc reçoit d’ailleurs 100 autres livres pour une copie en pied. En 1700, Mr Philibert verse 140 livres pour sa copie du souverain mais c’est Viénot qui remporte la palme du travail cette année-là avec quatre bustes du roi, une tête, un dessin en pied et un autre en buste. Viennent ensuite le portrait de 1701 et ses copies multiples dont sans doute, certaines du portrait de 1694, comme le prouvent les mentions rapportées entre 1702 et 1705. Parmi les commanditaires de copies du portrait, probablement en buste, on trouve également quelques modèles de Rigaud ainsi que Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain (1643-1727) et Marie-Rosalie de Brouilly de Piennes (1692-1744), dame d’atour de Madame jusqu’en 1706, épouse d’Alexis-Henri, marquis de Châtillon.

 


[1] Huile sur toile ovale. H. 81 ; L. 65. Vente Paris, Hôtel Drouot, Piasa, 25 juin 1999. Non localisé.

[2] Huile sur toile, H. 91,5 ; L. 73,7. Vente Londres, Christie’s, 15 décembre 1999, lot 217.

[3] Cat. Orléans, 2002, p. 185, n°167, Inv. 769.

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan