LANGUET DE GERGY Jacques-Vincent

Catégorie: Portraits
Année : 1715

 

*PC.1244

Âge du modèle : 48 ans


Huile sur toile
Dimensions inconnues [buste]
Localisation actuelle inconnue.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1715 pour 300 livres (ms. 624, f° 37 : « M[onsieu]r le comte de Gergy, envoyé du roy à Ratisbonne [rajout :] Hab[illement] répété »).

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 178, 182 ; Perreau, 2013, cat. *PC.1244, p. 248 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.1309, p. 538.

Œuvres en rapport : 

1. Huile sur toile d'après Rigaud. H. 81 ; L. 65 cm. Vente Dijon, Sylvain Gautier, 2 décembre 2017, lot. 206. Le portrait, probable copie du tableau original de Rigaud reprend un habillement déj vu dans plusieurs effigies d'hommes des années 1710. L'ordonnance des drapés du manteau avec, au bas, l'ourlet retroussé montrant le brocard et dévoilant la manche de la chemise est tout à fait caractéristique.

Copies et travaux :

  • 1716 : La Penaye reçoit 3 livres pour avoir « ébauché l’habillement de m[onsieu]r le comte de Gergy » (ms. 625, f° 32).

Descriptif :

C’est sans doute pour souligner sa nomination comme envoyé extraordinaire du roi à la Diète de Ratisbonne que Jacques-Vincent Languet (1667-1734), comte de Gergy, sollicita Rigaud. Ce nouveau poste, souligné par la Gazette de France le 12 janvier 1715, fit suite à divers emplois diplomatiques, notamment celui de résident à Stuttgart (1697), « d’envoyé extraordinaire vers les princes de Lombardie » à Württenberg de 1689 à 1702, puis celui d’envoyé extraordinaire de France auprès du duc de Mantoue qui, rentré dans ses États, venait de s’unir à Mademoiselle d’Elbeuf.

Fils d’un conseiller au Parlement de Rouen puis procureur général à celui de Dijon et d’une fille du baron de Saffres, alors second président du parlement de Bourgogne, Gergy avait fait son entrée publique à Mantoue le 8 mai 1706. Le 10 juillet 1709, il fut nommé envoyé extraordinaire du Roi auprès du Grand-Duc de Toscane, puis partit à Venise en 1723. Le comte, en amateur éclairé des arts, choisira d’ailleurs le peintre Canalletto pour immortaliser son entrée solennelle dans la cité vénitienne (Saint-Petersbourg, musée de l’Ermitage), ce qui apporte rapidement à l’artiste son succès auprès des touristes et collectionneurs britanniques. C’est aussi dans la résidence vénitienne de Gergy que, le 19 septembre 1727, Antonio Vivaldi donna un fameux concert dont le Mercure de France se fit l’écho élogieux. C’est finalement à Paris, que le comte Gergy mourra, le 17 novembre 1734, âgé de 78 ans[1].

La confection de l'œuvre de Rigaud pourrait parfaitement correspondre au mariage de Gergy avec Anne Henry, fille du trésorier général des galères de France, et qui fut célébré le 21 octobre 1715. Saint Simon, qui n’aimait pas les Languet, accorde cependant quelque crédit aux activités du comte qui, selon lui, « était une happelourde, mais un honnête homme et qui ne s’oublia point, qui fut envoyé en diverses cours »[2]. L’année où notre modèle entre dans Mantoue, sa terre de Gerdy, acquise par un de ses grands-oncles sur le domaine des princes de Condé (Verdun en Saône-et-Loire), fut érigée en comté ce qui permit au comte d’ajouter à ses titres celui de seigneur de Mintchenu, Aunay, Raconnay, Bougerot et des Quatre-Villeneuve.

Plusieurs frères de l’ambassadeur furent ecclésiastiques : Dom Lazare Languet (1676-1736), prieur de La Ferté, est procureur général de l’ordre de Citeaux, abbé de l’abbaye régulière de Motimond ; Jean-Baptiste Joseph (1673-1750), sera prêtre, docteur en théologie de la faculté de Paris, et de la Sorbonne, abbé commendataire de l’abbaye Royale de Notre-Dame de Bernay, sera curé de Saint Sulpice (26 avril 1710) ; Jean-Joseph (1677-1753), abbé de Coëtmaloen et de Saint Just, conseiller ordinaire d’état ecclésiastique, supérieur de la maison et du collège de Navarre, évêque de Soissons (1714), archevêque de Sens (1730), membre de l’Académie française (13 août 1711), « un des prélats les plus agités et fanatiques de son temps »[3]. Un autre, enfin, Pierre Bénigne, chambellan et lieutenant-colonel des cuirassiers de l’Electeur de Bavière, général de cavalerie de Wurtemberg, fut aventurier sous le nom de baron de Montigny[4].

Son cousin, Charles Languet, seigneur de Sivry, époux d'Elisabeth le Sage, sera peint par Alexis Simon Belle (huile sur toile, 81 x 65 cm, vente Dijon, Sylvain Gautier, 2 décembre 2017, lot. 205).

 

mise à jour : 25/11/2017


[1] Gazette de France du 20 novembre : « Jacques Vincent Languet, comte de Gergy, ci-devant ambassadeur du Roi auprès de la république de Venise, ministre plénipotentiaire à la diète de Ratisbonne, envoyé extraordinaire auprès du cercle de Suabe, à Florence & a Mantoue, meurt à Paris le 17 Novembre, âgé de soixante-dix-huit ans ».

[2] Additions au Journal de Dangeau, t. IX, p. 445

[3] Bertrand Auerbach, La France et le Saint Empire romain germanique, Paris, 1912 (réed. Slatkine, Champion, Genève, Paris, 1976), p. 265. Son portrait en grande pompe, est attribué à Charles-Joseph Natoire.

[4] « […] baron de sobriquet, fils d’un homme du Parlement de Dijon des plus nouveaux, mais qui eut plusieurs enfants qui ne laissèrent pas leurs talents enfouis. Celui-ci fit valoir celui d’espion, dans lequel il fut maître, et peut-être des deux côtés, et qui lui fit briser la corde plus d’une fois et servir plus d’un maître ».

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan