LOUIS GRAND DAUPHIN DE FRANCE

Catégorie: Portraits
Année : 1697

 

*PC.526

Âge du modèle : 36 ans

Huile sur toile
Dimensions inconnues [à mi-corps]
Localisation actuelle inconnue.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1697 pour 2000 livres (ms. 624, f° 13 v° : « Monseigneur le Dauphin fils du Roy, [rajout :] Le fonds de Parrocel ») ; Salon de 1704 (« Le portrait de Monseigneur le Dauphin ») ; collection du Grand Dauphin au château de Meudon.

Bibliographie :

Rigaud, 1716, p. 118 ; Mariette, 1740-1770, III, f° 46 v°, n° 35, VII, f ° 8 ; Hulst/2, p. 165 ; Hulst/3, p. 178 ; Engerand, 1900, I, p. 622 ; Roman, 1919, p. 59, 61, 74, 75, 76, 77, 80, 81, 83, 88, 89, 90, 91, 95, 96, 97, 98, 106, 112, 134, 140, 143, 159, 160, 192 ; Colomer, 1973, p. 138 ; Luna, 1978, p. 187-188 ; Rosenfeld, 1981, p. 296-297 ; O’Neill, 1984/3, p. 682 ; Bottineau, 1986, p. 478 ; Constans, 1995, II, p. 756-765 ; Brême, 2000, p. 35 ; Moran Turina et Úbeda de los Cobos, 2002, p. 101, cat. I.7, p. 436 ; James-Sarazin, 2003, p. 311 ; Perreau, 2004, p. 176, 201 [original au musée du Prado]; Aterido, Martínez Cuesta et Preciado, II, 2004, cat. 898, p. 455 ; Levallois-Clavel, 2005, I, p. 147, 166-167, 170, 202 et II, p. 66, 69, 75, cat. P. Dr. n° 27 ; Rosenberg et Mandrella, 2005, n° 977 et 983, p. 168-169 ; Delaplanche, 2006, cat. PP. 7, p. 224 et cat. PP.11, p. 225 [original au musée du Prado] ; Perreau, « Hyacinthe Rigaud et le portrait du Grand Dauphin », [en ligne], 14 septembre 2011, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com ; Brême & Lanoe, 2013, p. 79 ; Perreau, 2013, cat. *PC.526, p 132-133 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.549, p. 183-186 [original perdu ; la version du Prado considérée comme une préplique (2003/2, cat. I, n°465)

Œuvres en rapport :

(La majorité des versions existantes suppriment toutes le ruban bleu présent originellement dans la perruque et reproduit dans l’exemplaire de Madrid)

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 145 ; L. 121. Versailles, musée national du château (salon de l’Abondance). Inv. 7532, MV3598, LP 276. Collection Louis-Philippe, don Louis-Philippe. Voir Constans, 1995, II, p. 759, n°4280.
  • 1a. Huile sur toile d’après Rigaud (par Jean Ranc ?), H. 77 ; L. 67. Versailles, musée national du château. Inv. 7533, MV3599, B 2073, belle copie d’atelier en version réduite jusqu’à la taille. Entré à Versailles sous Louis-Philippe. Voir Constans, 1995, II, p. 759, n°4281.
  • 1b. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 147 ; L. 114. Versailles, musée national du château (en dépôt au musée Bossuet de Meaux). Inv. 7535, MV2085, MR 2398. Entré au château sous Louis-Philippe.
  • 1c. Huile sur toile d’après Rigaud (en buste), H. 63 ; L. 63. Versailles, musée national du château, (octogonal, anciennement rectangulaire, modifié sous Louis-Philippe et agrandi de motif décoratifs peints par J. Alaux, désormais : H. 194 ; L. 174). Inv. 7535, MV133, MR 2398. Voir Constans, 1995, II, p. 756, n°4267.
  • 1d. Huile sur toile d’après Rigaud (par Leprieur ?) et extrapolé en pied. H. 108 ; L. 89. Versailles, musée national du château. Inv. 9351, MV3597, B 2164. Le modèle est représenté debout, accompagné d’un jeune serviteur (entré à Versailles sous Louis-Philippe). Voir Constans, 1995, II, p. 759, n°4279.
  • 1e. Huile sur toile en buste d’après Rigaud. H. 77 ; L. 63. Versailles, musée national du château. MV4297, entré à Versailles sous Louis-Philippe. Voir Constans, 1995, II, p. 762, n°4296. Sans doute exécuté d’après la gravure de Drevet.
  • 1f. Huile sur toile ovale d’après Rigaud. H. 120 ; L. 95. Versailles, musée national du château. Inv. 7534, MV7006, B 1870, T78. Anciennement rectangulaire et modifié sous Louis-Philippe (anciennes dimensions, H. 82 ; L. 64), placé dans le salon frais du Grand Trianon en 1835. Voir Constans, 1995, II, p. 756, n°4314.
  • 2. Huile sur toile, H. 144 ; L. 112. Sign. v° : « Gran Delfin paint par hyathinte Rigaud à Versailles 1708 ». Madrid, Palais Royal, Patrimonio Nacional. Inv. 1 0006875 (inv. coll. Philippe V n° 410).
  • 3. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 129 ; L. 97. Münich, Alte Pinakothek (Bayerische Staatsgemälde-sammlungen). Inv. 3230. Anciennement au château de Schleissheim. Coll. de l’électeur Max Emmanuel de Bavière. Voir l’inventaire réalisé en 1761 lors de la Description des tableaux précieux qui se trouvaient dans les résidences princières de Schleissheim et Lustheim au temps du conseiller commercial et directeur Adrian Lafabrique au mois de juillet de l’an 1761. n°530 ; Rosenberg & Mandrella, 2005, n°977, p. 168-9, repr.
  • 4. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 147 ; L. 115. Berlin, Schloss Charlottenburg (Stiftung Preuβische Schlösser und Gärten Berlin-Brandenburg. Inv. N° GK I 1636. Anciennement au musée Berlinois jusqu’en 1793 puis transféré à Charlottenburg. Cat. Ausst. Berlin, 1962, n°103 ; Cat. Ausst. Berlin, 1966a, n°51, repr. ; Cat. Berlin, 1969, p. 37, Rosenberg & Mandrella, 2005, n°983, p. 168-9, repr.
  • 5. Huile sur toile d’après Rigaud (var. ; buste), H. 75 ; L. 58. Collection particulière (vente Paris, Christie’s, 22 juin 2005, lot 76).
  • 6a. Gravé par Pierre Drevet (trois états connus) en 1700 ou 1701 selon Hulst, « buste sans mains [à gauche] tiré d’un portrait, figure jusqu’aux genoux, l’estampe ornée d’un accompagnement d’architecture de la composition de M. Rigaud » dans un ovale de pierre orné d’un drapé et surmontant un cartouche surmonté des armes royales (couronne fermée et entourée des colliers de l’ordre de Saint-Michel et du Saint-Esprit : de France écartelé du Viennois). H. 46,5 ; L. 34,4. Sur le pourtour de l’ovale, de part et d’autre d’un cartouche armorié : « LOUIS DAUPHIN DE France ». Sur la plinthe du socle, respectivement à gauche et à droite : « Hyacints. Rigaud pinxit - P. Dreuet Sculp. » Sous le trait carré : « a Paris Chez Bligny, Peintre, Doreur et Vitrier Lancier du Roi Cour du Manége au Thuillerie » ; Voir Lelong, 1775, p. 197, n°28 ; Huber & Rost 1797, VIII p. 4 ; Paignon-Dijonval, 1810, 7458 ; Nagler, 1836, III, p. 479 ; Le Blanc, 1856, II, P. Dr., n°62 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr.,n°56 ; Firmin-Didot, 1875-1877, P. Dr., n°435 ; Portalis & Béraldi, 1880-1882, II, p. 19 n°33 ; Bellier & Auvray 1882, I, p. 446 ; Potier de Courcy 1884-90, repr. ; Thieme & Becker, 1913, IX, p. 559 ; Soulange-Bodin, 1914, p. 6-49 ; Audin & Vial, 1919, p. 287 ; IFFXVIIIe 1951, VII, P. Dr., n°24.
  • 6b. Gravé par Gaillard.
  • 7. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 90,8 ; L. 73,8 cm. États-Unis, musée de Rhode-Island. Inv. 30.027. Don de Mr & Mrs Gustav Radeke. Exposé au Raid the Icebox Now with Nicole Eisenman, 1er novembre 2019 - 1er mai 2021.

Copies et travaux :

  • 1697 : Joseph Parrocel reçoit 140 livres « pour le fonds de Monseigneur » (ms. 625, f°5).
  • 1799 : Adrien Leprieur reçoit 8 livres pour avoir peint « cinq cravates et cinq perruques de Monseigneur » (ms. 625, f°6 v°).
  • 1699 : Jean Ranc reçoit 18 livres pour avoir « retouché des copies de Monseigneur » plus 40 autres pour « un petit portrait de Monseigneur en petit » (ms. 625, f°6 v°).
  • 1699 : Legros est rétribué 30 livres pour « trois bustes de Monseigneur or les masques », autrement dit excepté les visages (ms. 625, f°6 v°).
  • 1699 : « une [copie] de m[on]s[ei]g[neu]r p[ou]r mad[am]e Le Camus » pour 500 livres (ms.624, f°17).
  • 1699 : « une [copie] de m[on]s[ei]g[neu]r p[ou]r le prince de Conty » contre 140 livres (ms. 624, f°17).
  • 1699 : « une [copie] de m[on]s[ei]g[neu]r p[ou]r m[onsieu]r le prince de Monaco » pour 84 livres (ms. 624, f°17).
  • 1699 : « une [copie] de m[on]s[ei]g[neu]r p[ou]r m[onsieu]r D’albot » contre 100 livres (ms. 624, f°17).
  • 1699 : « une [copie] de m[on]s[ei]g[neu]r p[ou]r m[onsieu]r Le Duc de la foeuillade » contre 200 livres (ms. 624, f°17).
  • 1699 : « deux [copies] p[our]r milord Gersay du Roy et de m[on]s[ei]g[neu]r » pour 280 livres (ms. 624, f°17).
  • 1699 : « deux [copies] p[ou]r M[onsieu]r le comte de Molac du Roy et de m[on]s[ei]g[neu]r » sans prix (ms.624, f°17).
  • 1699 : « une [copie] de m[on]s[ei]g[neu]r p[ou]r m[onsieu]r Le Duc de Richelieu » pour 210 livres (ms. 624, f°17).
  • 1700 : « une [copie] de m[on]s[ei]g[neu]r en pied p[ou]r m[onsieu]r Levesque de montpellier » valant 600 livres (ms. 624, f°18).
  • 1700 : Leprieur travaille à plusieurs copies (ms. 625, f°7 v°, f°8 & f°8 v°) : il reçoit 18 livres pour avoir « retouché une Copie de Monseigneur pour m[onsieu]r Le Duc de la feuillade » et 24 autres pour « une autre [copie] pour M[onsieu]r Le Camus ». Six livres supplémentaires lui sont remises « pour avoir retouché la tete et la perruque et le fonds d’une copie de Monseigneur pour M[onsieu]r Le prince de Conty » puis 6 autres « pour avoir retouché deux autres têtes de Monseigneur et les perruques ». Il reçoit enfin pareille somme pour « avoir retouché 2 têtes de Monseig[neu]r » tandis que qu’ « une grande Copie de Monseig[neu]r en pied » lui vaut un salaire de 160 livres.
  • 1700 : Viénot est rétribué une somme inconnue pour « Trois bustes de Monseigneur Le Dauphin » (ms. 625, f°9 v°).
  • 1701 : « Une [copie] de Monseigneur p[ou]r m[on]s[ei]g[neu]r Le Duc de Bourgogne » valant 500 livres (ms. 624, f°19)
  • 1701 : « Une [copie] de Monseigneur p[ou]r m[onsieu]r Le grand Prieur » valant 800 livres (ms. 624, f°19).
  • 1701 : Leprieur reçoit 16 livres pour « Deux têtes de Monseigneur » (ms. 625, f°10 v°) puis 12 autres pour « une tête de Monseigr et les Bottines » (ms. 625, f°11).
  • 1701 : Le Clerc reçoit 26 livres pour « une Copie de Monseigneur sur une toille de 5 l[ivres] t[ournois] » (ms. 625, f°11).
  • 1701 : Parrocel reçoit 28 livres « pour avoir fait un fonds et peint une bataille à une Copie de Monseigneur en pied », peut-être l’exemplaire sur lequel Leprieur a également travaillé (ms. 625, f°11 v°).
  • 1702 : « Une Coppie de Mons[ei]g[neu]r » pour 250 livres (ms. 624, f°20 v°).
  • 1702 : Leprieur reçoit 10 livres pour « une tête de Monseigneur » (ms. 625, f°12).
  • 1702 : Ménard copie le visage du Grand Dauphin contre 5 livres (« une Copie de Monseigneur du masque », ms. 625, f°12).
  • 1703 : « Une [copie] de Mons[ei]g[neu]r pour m[onsieu]r de S[ain]t Contest » contre 60 livres (ms. 624, f°22).
  • 1704 : Leprieur reçoit 60 livres pour avoir « habillé une copie de mons[ei]g[neu]r » (ms. 625, f°15).
  • 1705 : De Launay reçoit 10 livres pour « trois cuirasses de monseigneur » (ms. 625, f°17 v°).
  • 1705 : Éloi Fontaine reçoit 7 livres pour « une [tête] de Monseigneur » et 7 autres pour une « autre [tête] de Mons[ei]g[neu]r » (ms. 625, f°15 v°).
  • 1707 : Leprieur reçoit 17 livres pour avoir « réduit en petits careaux le houzard qui est dans le tableau de m[onsei]g[nei]r » et 10 supplémentaires pour avoir « repeint l’echarpe de M[onsei]g[neu]r et le casque deux journées et demy » (ms. 725, f°22).
  • 1708 : Delaunay reçoit 60 livres pour « Une coppie de Monseigneur, toille de 5lt » (ms. 625, f°25).
  • 1708 : « Une [copie] de Mons[ei]g[neu]r p[ou]r le meme [prince de Vaudémont] » pour 75 livres (ms. 624, f°28 v°).
  • 1711 : « Une Copie de M[onsei]g[neu]r p[ou]r M[onsieu]r bellanger » pour 75 livres (ms. 624, f°32 v°).
  • 1711 : Leprieur reçoit 24 livres pour « un buste de Monseigneur » (ms. 625, f°27 v°).
  • 1721 : « Une copie de feu M[onsei]g[neu]r le Dauphin » pour 1000 livres (ms. 624, f°40 v°).

« Monseigneur était plutôt grand que petit, fort gros, mais sans être trop entassé, l’air fort haut et fort noble, sans rien de rude, et il aurait eu le visage fort agréable, si M. le prince de Conti le dernier mort ne lui avait pas cassé le nez par malheur en jouant, étant tous deux enfants. Il était d’un fort beau blond, avait le visage fort rouge de hâle partout, et fort plein, mais sans aucune physionomie ; les plus belles jambes du monde ; les pieds singulièrement petits et maigres. Il tâtonnait toujours en marchant, et mettait le pied à deux fois : il avait toujours peur de tomber, et il se faisait aider pour peu que le chemin ne fût pas parfaitement droit et uni ». Tel était le portrait que dressa le duc de Saint-Simon du fils unique de Louis XIV. Mort tragiquement et prématurément de la petite vérole, Louis de France (1661-1711), dit le « Grand Dauphin de Bourbon » avait eu de Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière (1660-1690) trois enfants dont deux — le duc de Bourgogne et le duc d’Anjou (futur Philippe V d’Espagne) — seront portraiturés par Rigaud.

Le Grand Dauphin est ici représenté jusqu’aux genoux, tourné vers la droite. Il brandit dans l’une de ses mains un bâton de commandement et pose l’autre sur un casque. Derrière lui, est figuré un fond de bataille, ici siège de Philippsbourg lors duquel il s’illustra (1688). Malgré un grand nombre d’exemplaires connus, le tableau conservé au Patrimonio Nacional de Madrid (correspondant peut-être à la commande de 1721, date du second portrait de Louis XV par le Catalan), constitue sans doute la plus belle des versions actuellement connues du portrait. On y remarque un panache bleu du casque et la présence, dans la perruque, d’un ruban sophistiqué de même couleur. L’attitude, peut-être inaugurée par l’effigie de Monsieur [*P.147], deviendra l’une des plus célèbres de l’artiste et sera reprise durant toute la fin du XVIIe siècle et la première décénnie du XVIIIe siècle pour figurer les militaires ayant notamment servi dans les guerres des Flandes.

Certains n’hésitèrent pas non plus à faire copier à des artistes indépendants, la composition de Rigaud. C’est sans doute le cas de François de Reynold (1642-1722), colonel général des Suisses et des Grisons en France, dont le château de Cressier et celui de Penthes, à Genève, conservent des effigies sur ce modèle (Fribourg, musée d’art et d’Histoire. Inv. 1990-63. Voir Vallière, 1940, p. 394). L’une d’elle est une extrapolation en pied qui semble correspondre à des productions originales de l’atelier de Rigaud. Les travaux de Leprieur en 1700, 1701 et 1707 montrent en effet qu’on souhaita très tôt des versions de grande envergure, peut-être pour concurrencer l’effigie grandiose du prince de Conti. D’autres variantes au portrait original existent, notamment pour l’adapter à un buste moins honéreux à représenter. C’est le cas de l’estampe de Drevet où l’on voit la reprise du visage du modèle sur un torse légèrement modifié (les bras s’y trouvent inversés). Hulst signalait que l’encadrement de la gravure, avec les gants et les accessoires, était «  de l’invention de Rigaud » et que « le fond du tableau original est de M. Parrocel ».

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan