PRIOR Matthew

Catégorie: Portraits
Année : 1699

 

P.595

Âge du modèle : 35 ans

Huile sur toile
H. 91,4 ; L. 73.
Welbeck Abbey, coll. duc de Portland, boudoir de l’aile Oxford, cat. 237.

Daté et signé au dos avant rentoilage : « Peint par Hyacinthe Rigaud 1699 à Paris ».

Historique :

Mentionné en 1698 sans prix (ms. 624, f° 14 v°, rajout de Hulst : « Mons[ieu]r Prior, secrétaire d’ambassade de milord Portland ») ; Cat. 1747, Alcove Dressing-Room, N°7 ; exposé à Manchester en 1857. Cat. N°279.

Bibliographie :

cat. Welbeck, 1747, (Alcove Dressing-Room, N° 7) ; Hulst/3, p. 181 ; Fairfax Murray, 1894, p. 67-68 ; Roman, 1919, p. 64, 84 ; Roux, 1955, VIII, n° 147, p. 35 ; Perreau, 2011, p. 53, 56 ; Perreau, 2013, cat. P.595, p. 144 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.585 , p. 203 (2003/2, cat. I, n°499).

Copies et travaux :

  • 1700, Viennot confectionne « un dessein de M[onsieu]r Prior » pour un prix inconnu (ms. 625 ; f° 9 v°).

Œuvres en rapport :  

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 90 ; L. 70. Oxon, Mapledurham House. Anciennement considéré comme portrait d’Alexander Pope ; origine inconnue.
  • 2. Crayon noir, estompe et rehauts de gouache blanche sur papier bleu ; mis au carreau. Attribué à Viennot, 1700, H. 32,5 ; L. 26. Collection particulière (vente Paris, hôtel Drouot, Tajan, 16 novembre 2007, lot 70).
  • 3. Gravé par Claude Duflos en 1712, « buste sans mains, pris dans un tableau de demi-figure avec une main. Petite estampe sans inscription, grandeur d’un volume in-8° pour chemise à la tête des œuvres du sieur Prior ». Dans un ovale de pierre. Sous l’ovale, les initiales de Prior entrelacées. Sous le cadre : H. Rigault pinx. – Cl. Duflos Sculp.
  • 4. Miniature de Charles Boit (1663-1727) en 1699. Welbeck Abbey Miniatures, n° 193 (Legs Prior à Margaret Cavendish Harley, duchesse de Portland).
  • 5. Huile sur toile ovale d’après Rigaud. H. 90,2 ; L. 71,1 cm. Ickworth, Suffolk, The Bristol collection, inv. NT 851768. Par descendance Rear Admiral Frederick William Fane Hervey, 4e marquis de Bristol (1863-1951) ; en attente de probation de dettes du marquis ; accepté en paiment d'impot et tansféré au National Trust en 1956.
  • 6. Huile sur toile. H. 90 ; L. 70 cm. Cambridge, Oxford College.
  • 7. Huile sur toil réduite en buste. Yale university, Collection James Marshall and Marie-Louise Osborn. Inv. 1980.394.

Descriptif :

Né à Wimborne (Dorset), Matthew Prior (1664-1721), poète et diplomate, entre à l’école de Westminster à Londres et au St John’s College de Cambridge où il reçoit ses degrés en 1668 et son diplôme en 1688. Il écrit très tôt ses premiers poèmes, débute en politique dans le parti Tory et devient secrétaire des ambassadeurs anglais négociant les traités de Ryswick (1697) et d’Utrecht (1713).

Il fut chargé de commander à Rigaud un portrait de l’un de ces ambassadeurs, Lord Jersey [P.613], de même que sa propre effigie (copie en 1699). Le goût de Prior pour le portrait continental encouragea Godfrey Kneller à le peindre en 1700 dans le style de Rubens (Cambridge, Trinity College). Prior commanda également un certain nombre de portraits de lui à des artistes membres de la Kneller Academy, comme Michael Dahl[1] et Jonathan Richardson le jeune[2]. Alors qu’il était plénipotentiaire à Paris, Prior jouit d’une grande popularité à la cour de France, ce qui motiva Louis XIV pour solliciter son portrait par Alexis-Simon Belle (v. 1713 ; Cambridge, St John’s College). Notre modèle s’occupa également de redécorer Down Hall (Essex) entre 1720 et 1721 à l’aide d’artistes comme l’architecte Tory James Gibbs et le paysagiste Charles Bridgeman.

Il consacra 500 livres de sa fortune personnelle pour son propre monument funéraire (Londres, Westminster Abbey) sur des dessins de Gibbs et englobant un buste fait par Antoine Coyzevox en 1700 (les autres figures sont de John Michael Rysbrack). Les archives de Mapledurham House ne nous sont malheureusement d’aucun secours afin de préciser la provenance de notre toile que certains considèrent aujourd’hui comme une copie d’après Rigaud d’après l’original qui aurait été conservé à Welbeck Abbey. D’ailleurs, l’effigie passa longtemps comme un portrait du poète Alexander Pope (1688-1744) dont l’iconographie connue se rapproche fortement de l’effigie de Prior fixée par Rigaud. Preuve en est notamment, le portrait de Pope peint vers 1742 par Jean-Baptiste van Loo, et aujourd’hui conservé à l’université de Yale (Osborn collection) ou plus encore l’image intimiste créée par William Hoare (Londres, National Portrait Gallery). En septembre 1723, Pope, résidant alors à Twickenham, sollicita le prêt du tableau, alors à Oxford, sans doute pour le faire copier. S’agit-il alors de l’exemplaire de Mapledurham ? En effet, à la mort du poète, la meilleure amie de Pope, Martha Blount (1690-1763), hérita de tous ses biens, lesquels furent ensuite légués à son neveu à Mapledruham, demeure des Blount… La comparaison entre l’effigie peinte par Rigaud et l’attitude pour laquelle Coysevox opte en 1700 est tout à fait significative[3].

Si l’habillement est plus riche chez le scupteur, le port de tête est le même, les traits confondants d’expression similaire. On pourrait alors se poser l’intéressante question de savoir si Coysevox ne s’est pas aidé de la toile de son ami Rigaud… Quant au dessin passé en vente Tajan, du fait de sa raideur, il est exclu de l’attribuer à la main de Rigaud. La mention du travail de Viénot est bien évidemment très tentante, mais on ne connaît pas bien la technique de cet artiste pour être catégorique. En tout état de cause, ce crayon permet d’imaginer l’attitude générale prévue pour ce portrait, très proche de celle adoptée pour figurer Claude Dehais-Gendron en 1704 notamment [*PC.847] : le livre remplaçant le carton à dessin. Mais, en l’absence d’un quelconque prix payé au peintre, il est possible que le dessin soit une extrapolation faite à partir d’un visage simplement esquissé, sans avoir jamais été réalisé. L’attitude sera « adaptée » par un suiveur de Rigaud pour un portrait d'homme à la croix de Saint Louis, passé en vente à Louviers (svv prunier) le 6 février 2016 sous le numéro 52. Une copie plus sèche, donnée comme portrait présumé de « Messire Antoine Arnauld, comte de Saint-Amour », a été remarquée dans plusieurs ventes successives (Huile sur toile, H. 82 ; L. 66. Vente Tours, Odent, 28 novembre 2001 ; Vente Chinon, 28 novembre 2011, lot 54)  vente Louviers, svv Prunier, H. 93 ; L. 74, lot. 52).


[1] 1713 ; Londres, National Portrait Gallery.

[2] Copie par Thomas Wright v. 1718 ; Londres, National Portrait Gallery.

[3] Le buste fut offert à Prior par Louis XIV et inserré dans le munument funéraire de Rysbrack à l’abbaye de Westminster (Georges Keller-Dorian, Antoine Coysevox (1640-1720): Catalogue Raisonné De Son Oeuvre, Patis, 1920, II, pl. 102).

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan