LOUIS XIV

Catégorie: Portraits
Année : 1701

 

P.696

Âge du modèle : 63 ans

Huile sur toile
H. 238 ; L. 149.
Madrid, musée du Prado. Inv. 2343 (coll. Philippe V à San Ildefonso).

Sign. v° : « Hyacinthus Rigaud pinxit 1701 ».

Historique : 

Absent des livres des comptes de Rigaud ; peint en 1701 ; collection royale (colleccion de Philippe V au Palais de La Granja de San Ildefonso, Segovie, 1727 ; ibid., 1746, nº 407 ; Ibid., 1794, nº 407 ; La Granja, 1814-1818, nº 407; La Granja, salle 10, 1827, nº 407).

Expositions : 

Madrid, El arte en la corte de Felipe V, 30 octobre.2002 - 26 janvier 2003 ; Versailles, Louis XIV : L'homme et le roi, 19 octobre 2009 - 7 février 2010 ; Madrid, El arte del poder. La Real Armería y el retrato de corte, 9 mars 2010 - 23 mai 2010.

Bibliographie :

Mariette, 1740-1770, f° 46 v°, n° 30, VII, f °11 ; Hulst/3, p. 181-182, 200 ; Maumené et d’Harcourt, 1931, XVI, p. 95-99 ; Luna, 1978 ; Bottineau, 1986, p. 251 ; Garnier, 1989, cat. 86, p. 148-149 et cat. 103, p. 158-159 ; Constans, 1995, II, p. 758 (n° 4277), p. 764 (n° 4311) ; p. 769 (n° 4334) ; cat. Prado, 1996, p. 320 ; Guide du musée du Prado, 1997, p. 68-69 ; Posner, 1998 ; Perreau, 2004, p. 86-87 ; Levallois-Clavel, 2005, I, p. 57, 179 ; ibid. II, cat. P. Dr. n° 19, p. 66-67 ; Moran Turina et Úbeda de los Cobos, 2002, cat. 15 ; Aterido, Martínez Cuesta et Pérez Preciado, II, 2004, cat. 897, p. 455 ; Delaplanche, 2006, PP.3, p. 223-224 ; Catalogue de l'exposition, Louis XIV : l'homme et le roi, Skira Flammarion, Château de Versailles, 2009, pp. 204-395 ;  Perreau, « Joli score pour un Louis XIV le 27 octobre 2010 à Drouot », [en ligne], 14 novembre 2010, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com ; Perreau, 2013, cat. P.696, p. 160-161 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.774, p.262 (2003/2, cat. I, n°609)

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud (à mi-corps). H. 221 ; L. 130. Le monarque est représenté dans un intérieur, la main droite tenant le bâton de commandement qui est posé sur une table. Versailles, musée national du château. Inv. 7524, MV3499, B967. Ancien fonds. Voir Soulié 1880, n°3499 ; Constans 1980, n°5845 ; Constans, 1995, II, p. 758, n°4277.
  • 2. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 147,5 ; L. 116. Blankendurg, Schloss, gemälde-sammlungen.
  • 3. Huile sur toile, suiveur de Rigaud, Château de Chenonceaux.
  • 4. Huile sur toile d’après Rigaud [buste], H. 64 ; L. 53. Le Puy-en-Velay, musée Crozatier. Inv. 826.55.
  • 5. Huile sur toile d’après Rigaud (en pied). H. 91,5 ; L. 73,7. Vente Londres, Christie’s, 15 décembre 1999, lot 217. Copie presque identique à celle du Prado mais le roi pose son bâton de commandement sur une lourde table à gauche, où l’on voit également un casque et un drapé. Le côté droit de la composition présente un vaste rideau.
  • 6. Huile sur toile, suiveur de Rigaud (var.), H. 121,3 ; L. 90,8. Collection particulière (donné en échange de la collection Preston Pope Satterwhite au Speed Museum of Art de Louisville, 1958 ; vente NY, Christie’s, 26 janvier 2012, lot 206).
  • 7. Huile sur toile, suiveur de Rigaud (buste ; var.), H. 64 ; L. 53. Lons-le-Saunier, musée municipal. Inv. 7531 (restauré en 1869 ; dépôt du Louvre).
  • 8. Pierre noire d’après Rigaud, v. 1704, H. 19,9 ; L. 15. Loc. inc. (vente Monaco, Sotheby’s, 2 décembre 1988, lot 332 [d’un carnet de 74 dessins ad vivum]).
  • 9a. Gravé par Pierre Drevet en 1704. H. 58 ; L. 45,2. Selon Hulst, « buste sans mains, dont la tête d’après le grand tableau en pied qui a servi d’original à la grande estampe employée à la page qui suit. L’attitude en armure, d’après un autre tableau aussi en pied et composé aussi par Rigaud ». Initialement Hulst rapprochait cette estampe du portrait en costume de sacre. La signature de Rigaud n’est visible que sur le quatrième état de l’estampe, sur le bord de l’ovale : à gauche, « Hya. Rigaud pinx » - à droite, « 1704 Drevet rue St jacques a l’Annonciation ». Notons que le troisième état avait été offert « par la Provence au Provincial des Minimes à l’occasion des Assemblées générales à tenir à Marseille en l’an 1703 » ainsi qu’il apparaît d’une dédicace supprimée par la suite. Dans un ovale, tourné de trois quarts vers la droite, le regard de face, le roi est revêtu d’une armure, la tête couverte d’une longue perruque. Au centre de la console : les armes de France surmontées de la couronne royale, de la main de justice et du sceptre, entourées des colliers de l’ordre de Saint Michel et du Saint-Esprit. Sur le pourtour de l’ovale posé sur une console : « Ludovicvs magnus franciÆ et navarrÆ rex christianissimus. »  
  • 9c. Gravé par Gérard Edelinck, « petit buste armé, d’après le même tableau. Estampe de la grandeur d’un in-12. ».
  • 9c. Gravé par Charles Simonneau, 1702, « L’histoire écrivant la vie de Louis XIV ».
  • 9d. Gravé par Charles Simonneau l’aîné d’après une composition d’Antoine Coypel figurant la victoire, assise, tenant le portrait en buste ovale du roi par Rigaud. Pint par Ant. Coypel. Gravé par Simonneau l'Ainé. 
  • 9e. Gravé par Massé d’après Simonneau [id.].
  • 9f. Gravé par Dien en buste vers la droite : « Louis XIV ». H. 22,5 ; L. 15. Sous le trait carré : « Peint par Rigaut - gravé par Dien ». 

Descriptif :

Malgré la signature apocryphe au dos de ce portrait de Louis XIV en armure (Rigaud ne signe jamais en latin), les historiens avaient été très tôt tentés de voir dans cette composition de qualité le premier portrait de Louis XIV par Rigaud référencé dès 1694. De nouveaux éléments sont venus, depuis, contredire cette hypothèse.

Extrêment satisfait de la nouvelle représentation de son pouvoir absolu, le monarque avait finalement renoncé à envoyer à Madrid le nouveau portrait en costume de sacre. Dès lors, une tradition tenace, alimentée par la mention des livres de comptes, a voulu que le monarque ait demandé à Rigaud une réplique du même tableau pour satisfaire son petit fils. Cette réplique fut ensuite logiquement identifiée comme la version conservée au château de Versailles. Une telle hypothèse amenait à se demander pourquoi cet envoi protocolaire se trouva conservé dans les collections de la couronne de France. Les témoignages écrits n'étaient, il est vrai, peu clairs. Ainsi, et contrairement au propre témoignage de Rigaud[1], le Mercure de France de 1702 parlait de l’envoi de l’original en Espagne, ce qui reléguait de la version de Versailles à la simple copie.

Si le musée du Prado et le Patrimonio Nacional espagnol conservent plusieurs autres portraits de Louis XIV, il s’agit surtout de réductions du portrait en costume de sacre, commandées dès 1701 par l’administration de Philippe V[2]. Interrogés sur l'origine du tableau dans les collections royales espagnoles après des recherches dans les fonds d'archives, les conservateurs du musée du Prado et du Patrimonio Nacional que nous avons rencontrés, n'ont guère pu apporter de précisions sur l'origine primaire de l'œuvre et sur les circonstances de son arrivée à Madrid.

Il apparaît cependant que Rigaud opta ici pour une réutilisation de son modèle de 1694, qu'il actualisa avec une perruque montante « du temps » et qu'il extrapola en pied dans un paysage. Monsieur Delaplanche, dans sa thèse de Doctorat soutenue sur l’œuvre de Parrocel, voit dans la bataille de fond le siège de Namur (1692) dont on semble reconnaître les murs, par comparaison avec le fond utilisé par Mignard, en 1693, dans son propre portrait du monarque[3].

Concernant la gravure de Drevet, qui faisait déjà s’interroger Madame Levallois-Clavel, on sait que Mariette y voyait « une seconde gravure de la planche précédente [cat. P. Dr. n°19] depuis qu’elle a été remise dans une forme ovale et que Drevet y a travaillé considérablement surtout dans la teste pour la rendre plus ressemblante. » Le modèle semble dater de 1694-1696 si l’on s’en tient à l’adresse de Drevet présente sur le premier état : « Chez ledit Drevet / Rue Saint Jacques Vis a Vis les Mathurins / a l’Image Saint Prosper » et à la mention manuscrite à l’encre grasse : 1696. Madame Levallois-Clavel pense que Drevet s’inspira à la fois du premier portrait du roi peint par Rigaud en 1694 et celui réalisé par Charles-François Poerson (1653-1725) entre 1690 et 1691. Ce dernier semble avoir été payé au peintre le 13 février 1701, ainsi que le prouvent les Comptes des Bâtiments du roi : « Au sieur Person [sic], peintre, parfait paiement de 600 l. pour le tableau du portrait du Roy, pour l’Académie d’Architecture à Paris, 300 L »[4]. L’antériorité de l’œuvre de Poerson a parfois fait dire que Rigaud s’en serait inspiré pour son propre tableau de 1694 puis pour celui de 1701. Selon nous, il n’en est rien tant la graphie, le style et l’ordonnance diffèrent des toiles du catalan. Mais les archétypes de représentation étaient si académiques à cette époque qu’ils n’appellent à aucune conclusion définitive.


[1] Ou du moins d’un de ses contemporains que l’on pourrait identifier comme étant Hulst.

[2] voir « Œuvres en rapport » du P.693.

[3] Versailles, musée national du château.

[4] Guiffrey, 1881-1901, IV, col. 733.

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan