CHARLES XII DE SUÈDE

Catégorie: Portraits
Année : 1715

 

PC.1245

Âge du modèle : 33 ans

Huile sur toile
H. 143 ; L. 117 cm.
Stockholm, National Museum. Inv. NM 883.

Sign. v° : « Peint par Hyacinthe Rigaud à Paris, 1715 ».

Historique : 

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1715 pour 900 livres (ms. 624, f° 37 :« M[onsieur le Baron d’Esparre de Spaar pour une Coppie du Roy de Suède son maître [rajout :] hab[illemen]t rép[été] ») ; Commandé par le Baron Sparre, ambassadeur à Paris en 1715 ; sa femme la comtesse Stina Lillie en 1727 ; par héritage à son petit-fils le Baron Johann Gabriel Sack ; à sa veuve en 1751, la comtesse Eva Bielke (morte 1778) ; acquis avec une partie de la collection Bergshammar par Gustav III (1779) ; Drottningholm 1793 ; transféré au musée en 1865.

Bibliographie :

NM cat., 1867, p. 63 ; Dussieux, 1876, p. 605 ; Leclercq, 1899, p. 129 ; Granberg, I, 1911, p. 23, n° 88 ; Roman, 1919, p. 177, 178, 183 ; Réau, 1931, p. 66 ; Strömbom, 1943, p. 372-73 ; Josephson, 1947, p. 48-49 ; Florisoone, 1948, p. 25 ; NM cat., 1990, p. 303 ; Grate, 1994, cat. n° 269, p. 294-296 ; Constans, 1995, II, p. 768, n° 4327 ; cat. exp. Stockholm, 2001-2002, n° 205, p. 205-206 [Roger de Robelin] ; Perreau, 2004, p. 208 ; Marcheteau de Quincay, 2006, p. 24-25 ; Perreau, 2013, cat. PC.1245, p. 248 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.1308, p. 437-438.

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 76 ; L. 66. Versailles, musée national du château. Inv. 9177, MV3694, LP 876. Version tronquée en buste. Achat de 1834. Voir Constans, 1995, II, p. 768, n°4327.

Copies et travaux :

  • 1715 : « Une [copie] du roy de Suède en grand pour M[onsieu]r le baron de Spars » sans le prix (ms. 624 f°37 v°). Cette mention a été rajoutée ultérieurement par Hulst et fait peut-être double emploi avec la mention de l'original.
  • 1716 : Bennevaux reçoit 12 livres pour avoir « habillé le roi de Suède en grand » (ms. 625, f° 32).

Descriptif :

Charles XII (1682-1718), roi de Suède depuis 1697, est le dernier fils survivant des treize enfants issus du mariage (1680) de Charles XI (1667-1697) et de la princesse Ulrika Eleonora de Danemark (1688-1741). Romanesque et souvent controversé, célibataire jusqu’à sa mort, il passa 18 de ses 21 années de règne à combattre à l’étranger, notamment contre la Russie et Pierre Le Grand, le Danemark ou la Pologne. Il défendit ainsi son empire constitué de la Finlande et des Pays Baltes. Il perdit cependant la guerre du Nord (1700-1721) contre son éternel ennemi. En 1709, vaincu à Potlava et ne pouvant triompher de Pierre Le Grand, il se réfugia en Turquie (1709-1714) où il tenta en vain d’obtenir l’appui du Sultan puis regagna la Suède en 1715. En tentant d’attaquer de nouveau la Norvège, il fut tué (siège de Frederikshall), sans que l’on sache s’il s’agissait d’un assassinat ou d’un accident. Une photographie prise avant la restauration de 1993, montre qu’originellement le casque posé sur l’entablement avait le même aspect que ceux des tableaux habituels de Rigaud à l’exemple du portrait du duc de Saint-Aignan peint en 1722 ou celui du Maréchal-Duc de Belle-Isle daté de 1713. Rigaud n’ayant pas eu l’opportunité de travailler à l’effigie du roi in vivo, il s’inspira probablement d’un tableau existant. En effet, dans une des ses lettres, le baron Sparre (alors à Paris) nous dit que son frère, le général Axel Sparre, lui réclame le portrait qu’il lui a prêté : « Mon frère redemande le portrait du roi comme le plus précieux bijou du monde » (Sjöblom, 1929). Ce prêt correspond sans doute à la version souvent mentionnée que le général, dilettante assez doué, exécuta à Bender en Turquie en 1712 et qu’il envoya à la cour de Suède. Ce tableau fut loué comme très ressemblant (öfvermåttan lijkna). Hahr (1901, p. 588-89, repr. p. 585) l’identifia comme la toile conservée à Gripsholm (H. 113 ; L. 94 cm, Grh 1123) avec l’inscription : Axel Sparre pinxit in Bender, 1712. Seitz (1973-75) fit remarquer, en outre, que la ville en flammes qui apparaît en fond du tableau, pourrait être Stralsund, dans laquelle le roi passa de longs moments durant l’année 1715, et que l’inscription était apocryphe. L’attribution à Axel Sparre fut même mise en doute. En effet, sa version de Bender a très bien pu être une miniature et peut-être même identique à celle envoyée à son frère, dont Rigaud a pu s’inspirer. Dans ce cas, la ressemblance frappante entre le tableau de Gripsholm et celui de Rigaud tend à confirmer que ce dernier fut exécuté d’après le tableau de Bender par Sparre.

La version de Versailles, plus petite que celle de Gripsholm, dut être exécutée à Paris avant que le plus curieux bijou du monde ne soit retourné à son auteur. L’image du tableau de Gripsholm nous montre un soldat du roi très spartiate (portant habituellement un uniforme flamboyant), et qui semble insister sur l’aspect terne de l’uniforme. Lorsque Rigaud replaça le roi dans une mise en scène traditionnelle, idéalisée et fortement martiale, il était loin de l’austère réalité. C’est sans doute pour cela, dit-on, que la peinture de Rigaud n’eut jamais de succès en Suède. La position du roi reprend l’habillement répété habituel de l’atelier de Rigaud, avec l’adjonction de détails et d’objets propres au souverain.

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan