COURCILLON DE DANGEAU Philippe

Catégorie: Portraits
Année : 1702

 

PC.746

Âge du modèle : 64 ans

Huile sur toile
H. 162 ; L. 130.
Versailles, musée national du château. MV3652.

Sign. v° : « Hyacinthe Rigaud Ft 1702 ».

Historique :

Commande inscrite aux livres de comptes en 1700 pour 650 livres (ms. 624, f° 18 : « M[onsieu]r le marquis Dangeau ») ; paiement final et solde inscrits en 1702 pour 600 livres (ms. 624, f° 20 : « M[onsieu]r le marquis de Dangeau ») ; ancienne collection A Roehn ; achat 1835.

Bibliographie :

Mercure galant, janvier 1696, p. 95 ; Hulst/3,  p. 181 ; Mariette, 1740-1770, III, f°47 v°, n°65, VII, f°11 ; Moreri, 1759, IV, p. 201 ; Sibert 1772, p. 455 et suiv. ; Lelong, 1775, p. 175 ; Paignon-Dijonval, 1810, 7514 ; Nagler, 1836, III, p. 479 et 1843, XIII, p. 185 ; Journal du marquis de Dangeau, I, p. LXXII-LXXVI ; Le Blanc, 1856, II, P. Dr., n°45 ; Barthélemy, 1862, p. 9 ; Firmin-Didot, 1876, P. Dr., n°36 ; Firmin-Didot, 1875-1877, P. Dr. , n°419 ; Pradel (Du) 1692-1878, II, p. 290 ; Portalis & Béraldi, 1880-1882, II, p. 18, n°16 ; Bellier & Auvray, 1882, I, p. 446 ; Potier de Courcy, 1884-1890, Anselme 1726, IX, p. 289 ; Mireur, 1910, II, p. 535-538, 540-541 ; Thieme & Becker, 1913, IX, p. 559 ; Soulange-Bodin, 1914, p. 6-49 ; Roman, 1919, p. 92, 98 ; Audin & Vial, 1919, p. 287 ; Colomer, 1973, p. 26 ; Jougla de Morenas, 1975, III, p. 84 ; IFFXVIIIe1951, VII, P. Dr., n°39 ; Constans, 1995, II, p. 755, n°4259 ; Bajou, 1998, p. 280, repr. p. 281 ; Perreau, 2004, p. 100-101, repr. p. 101, fig. 74 ; Levallois-Clavel, 2005, I, p. 75, 165 ; Ibid. II, p. 131-132, cat. P. Dr. n°58 ; Perreau, 2013, cat. PC.746, p. 169-170 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P. 794, p. 269-270 (2003/2, cat. I, n°607 et 649).

Expositions : 

Lille 1968, n°82. 

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud. H. 63 ; L. 52 (tronquée en buste), Versailles, musée national du château. MV2921, inv. 7552, LP4001 (en dépôt à Paris, Institut de France). Inscription : De Courcillon de Dangeau. 1668. Ancienne collection de l’Académie française ; don de l’Académie en 1839. Voir Constans, 1995, II, p. 765, n°4317. 
  • 2. Gravé par Pierre Drevet en 1703 (selon Hulst et Mariette) ou 1704 (selon le recueil de l’École des Beaux-arts), « figure jusqu’aux genoux en habit de cérémonie de grand maître dudit ordre. Estampe de grandeur moyenne ». H. 3,75 ; L. 27,5. Sous le trait carré à gauche : « P. Dr.evet Sculp. » ; à droite : « H. Rigaud pinx ». Au-dessous, de part et d’autre d’une composition aux armes : « Philippe de Courcillon, Marquis de Dangeau / Grand Maistre de l’Ordre de N.re Dame du Mont Carmel et de St Lazare. » Quatre états connus. 

Copies et travaux :

  • 1702 : Bailleul touche 15 livres pour avoir travaillé sur « l’habit de M[onsieu]r le marquis Danjot » (ms. 625, f° 12 v°).

Descriptif :

Debout, face au spectateur, le torse ceint du cordon bleu de l’ordre du Saint-Esprit obtenu le 31 décembre 1688, Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau (1638-1720) revêt ici la tenue d’apparat du grand maître des ordres réunis de Notre-Dame-du-Mont-Carmel et de Saint-Lazare, dignité qui lui avait été conférée le 18 décembre 1695 par Louis XIV[1]. Le premier, fondé par Henri IV, était constitué de cent chevaliers astreints à la règle du tiers ordre carmélite et avait pour siège le carmel des Billettes à Paris. Le second, selon le Mercure galant de janvier 1696, « est un des plus anciens ordres de chevalerie qui soit au monde. Il estoit autrefois établi à Jérusalem ; et, après y avoir exercé longtemps sa charité envers les pauvres, et sa valeur contre les ennemis de la religion, il fut transféré en France par les rois Louis VII et saint Louis. » Un tableau d’Antoine Pezey (actif v.1695-1710) représente d’ailleurs la cérémonie durant laquelle Dangeau reçut ces distinctions et qui se déroula le 18 décembre 1695 dans l’ancienne chapelle de Versailles[2]. Saint-Simon raille d’ailleurs cet honneur : « sa fadeur naturelle, entée sur la bassesse du courtisan et recrépie de l’orgueil du seigneur postiche, fit un composé que combla la grande maîtrise de l’ordre de Saint-Lazare, que le Roi lui donna comme l’avait Nérestang, mais dont il tira tout le parti qu’il put, et se fit le singe du Roi dans les promotions qu’il fit de cet ordre, où toute la cour accourait pour rire avec scandale, tandis qu’il s’en croyait admiré ».

Le costume se composait d’une culotte de velours amarante (rouge foncé voire violet), que l’on ne voit pas ici, et d’une dalmatique de satin blanc chargée sur le devant, le dos et les épaules d’une croix mêlée d’or écartelée à la fois amarante (Mont-Carmel) et verte (Saint-Lazare). Sibert nous a laissé une description très précise du costume dont le faste et l’opulence est reproduit par Rigaud avec un souci confondant du détail : « le grand maistre avoit le grand manteau de ces ordres, de velours amarante, doublé de satin vert. […] ce manteau est à queue trainante. Il est enrichi d’une broderie d’or, composé de diverses pièces, qui ont toutes rapport avec ces deux ordres, de doubles MM, de doubles LL, entrelassés avec des SS, des fleurs de lis, des croix de chevalier et des trophées d’armes, tant de terre que de mer. Il avoit, à la manière des anciens chevaliers, une soubreveste de moire d’argent, sur laquelle estoit une grande croix partie d’amarante et de vert. Il avoit aussi une toque à l’antique de velours amarante, avec une aigrette de plumes de héron, soutenue d’une magnifique attache de diamants. » Si la physionomie de Dangeau peut nous paraître quelque peu empâtée, mais étonnamment réaliste et sans concession, le fracas des ors du costume fera sans doute de ce portrait l’un des plus somptueux de Rigaud.

La position et la torsion du corps se retrouvent dans un portrait d’homme de 1702 et dans celui, plus tardif, de Jules-Robert de Cotte. Hulst décrit l’estampe de Drevet comme « figure jusqu’aux genoux en habit de cérémonie de grand maître dudit ordre. Estampe de grandeur moyenne ».

Notons que la fille du marquis, Marie-Anne-Jeanne de Courcillon (1671-1718), avait épousé dès 1694 un autre modèle de Rigaud, Honoré-Charles d’Albert de Luynes, duc de Montfort (1669-1704).


[1] Huit quartiers de noblesse étaient alors requis.

[2] Versailles, musée national du château, MV 164.

 

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan