LE HAGUAIS Jean-François

Catégorie: Portraits
Année : 1698

 

*P.539

Âge du modèle : 59 ans

Huile sur toile
Dimensions inconnues [buste]
Localisation actuelle inconnue.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1698 pour 140 livres (ms. 624, f° 14 : « Mons[ieu]r Desagay [rajout ;] des Aguets ou Desaguets »).

Bibliographie :

Hulst/2, p. 166 ; Roman, 1919, p. 63 [aucune proposition], 67, 69 ; James-Sarazin, 2003/2, cat. I, n°63 [idem] ; Perreau, 2013, cat. *P.539, p. 136 [Jean-François Le Haguais] ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.564, p. 1934 [reprise de notre proposition].

Copies et travaux :

  • 1698 : « quatre [copies] de mons[ieu]r deshay » pour 280 livres (ms. 624, f°15 v°).
  • 1698 : Leprieur reçoit 12 livres « pour une copie de Monsieur Desaguais », sans doute l’une de l’année (ms. 625, f°5 v°).

Descriptif :

Longtemps l'identitié du présent modèle remeura énigmatique. Nous avons proposé pour la première fois en 2013, à l'occasion de la publication de notre catalogue, d'y voir sans trop d'incertitude Jean-François Le Haguais (1639-1723), Premier avocat général à la cour des aides de Normandie (1686), conseiller d’honneur (1700). Dans ses Mémoires (1723, XIX, 18), Saint Simon, explique en effet la méprise commune sur le patronyme de ce personnage : « Il s’appelait Le Hacquais, et par corruption M. des Aguets, conseiller d’honneur à la cour des aides, après y avoir été longtemps avocat général avec la plus grande réputation de droiture et la première d’éloquence ».

Le Haguais, qui resta célibataire, n'était pas un inconnu du peintre puisque son frère, le chevalier de Montgivrault, était déjà passé dans l'atelier de Rigaud dè 1687. Mais, toujours selon Saint Simon, ce fère « qui faisait fort peu de cas de lui, [...] ne s’était point marié non plus. Il était son aîné et était demeuré fort pauvre. Il avait été avocat général de la cour des aides, avec une grande réputation d’éloquence, de savoir et de probité. C’était un homme parfaitement modeste et parfaitement désintéressé. On ne pouvait avoir plus d’esprit, un tour plus fin, ni en même temps plus aisé, avec beaucoup de grâce et de réserve ; avec cela salé, volontiers caustique, gai, plaisant, plein de saillies et de reparties, éloquent jusque par son silence. Ses lettres étaient charmantes, et pour peu qu’il se trouvât à son aise, de la meilleure compagnie du monde. Le chancelier de Pontchartrain et lui, à peu près de même âge, avaient été amis intimes dans leur jeunesse. Galants, chasseurs, mêmes goûts, même sorte d’esprit et de sentiments en toute leur vie. Lorsque le chancelier fut en fortune, il fit pour son ancien ami des bagatelles à sa convenance, parce qu’il ne voulut jamais mieux. Il était de tous les voyages de Pontchartrain où je l’ai fort connu ; et ce qui est respectable pour les deux amis, c’est que sans s’y mêler de rien, ni sortir de son état de petit bourgeois de Paris, comme il s’appelait souvent lui-même, il y était comme le maître de la maison : tout le domestique en attention et en respect, et tout ce qui y allait en première considération. Le chancelier, outre l’amitié et la confiance, lui en témoigna toujours une extrême et toute sa famille aussi ; il montrait vouloir que tout le monde-lui en portât, et Le Haquais était aimé de tous. Il vivait avec grand respect pour les gens considérables qu’il y voyait, il n’en manquait point au chancelier ni, à la chancelière, qui l’aimaient autant l’un que l’autre ; mais il ne laissait pas de vivre fort en liberté avec eux, et de laisser échapper des traits de vieil ami qui ne lui messeyaient pas et qui étaient toujours bien reçus. Dans les dernières années sa piété s’accrut tellement que le chancelier et sa femme ne l’avaient plus à Pontchartrain autant qu’ils l’y voulaient. Ils l’appelaient leur muet, parce que la charité avait mis un cachet sur sa bouche, auquel on perdait beaucoup. Je m’en plaignais souvent à lui-même ; on ne le voyait jamais qu’à Pontchartrain ; il vivait fort retiré à Paris. »

Dans ses Mémoires pour servir à l’histoire de la vie et des ouvrages de Mr de Fontenelle (Amsterdam, 1759, p. 242), Nicolas Charles Joseph Trublet dresse lui aussi un portrait du modèle peint par Rigaud :

« M[onsieu]r le Haguais mourut à Paris le 23 Janvier 1724. âgé de 84 ans, laissant une grande réputation d’esprit, de probité, & ensuite de piété. M[onsieu]r de Fontenelle lui fut toujours très-attaché. Il avoit brillé pendant longtemps dans la place d’Avocat-Général de la Cour des Aides. Au talent de la parole, & lors même qu’il parloit sur le champ, il joignoit celui de l’action dans un degré rare. Cependant, Orateur né à tous égards, il parloit très-peu en conversation, même dans le tête à tête & comme Mr. de Fontenelle parloit peu aussi, surtout lorsqu’il n'étoit pas excité, ils passoient quelquefois ensemble un temps assez considérable fans se dire que quelques mots. Cette habitude au silence avoit tellement donné à Mr. le Haguais l’air silencieux, que s’étant fait peindre par le célèbre Rigaud, & le portrait étant extrêmement ressemblant, Mr. de Fontenelle le voyant pour la première fois, s’écria : On dirait qu’il se tait ».

Les quatre copies produites en 1698, quoique mal orthographiées (« deshay ») font à notre sens bien référence au portrait de Des Haguais car la mention même de l’original a été corrigée, montrant l’approximation de l’orthograhe initiale dans l’apposition du nom dans les livres de comptes.

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan