ANONYME (LA MARTINIERE)

Catégorie: Portraits
Année : 1712

Hyacinthe Rigaud et atelier

PC.1174

Huile sur toile
H. 80 ; L. 64 cm.
Paris, collection particulière

Au dos : inscription rapportée après rentoilage : « peint par Hyacinthe Rigaud 1712 »**

Historique :

Peint en 1712** ; par descendance de Jean de la Martinière (né en 1664) à la Comtesse de B. et sa famille, Bruxelles ; vente Bruxelles, Antenor Auction, 12 décembre 2021, lot. 78 [« les meilleures versions montrent une cicatrice en forme de losange au milieu du front »*.

Bibliographie :

[Pour l'original :] inédit ; [pour les versions des œuvres en rapport :] Perreau, « Ces Gentilshommes de Rigaud », [en ligne], 21 mai 2012, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com ; Perreau, 2013, cat. PC.1174, p. 234 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. 1145, p. 382 ; Ariane James-Sarazin, « Un modèle fort épris de sa personne », Hyacinthe Rigaud (1659-1743). L'homme et son art - Le catalogue raisonné, Editions Faton, [en ligne], mis en ligne le 28 août 2017, URL : http://www.hyacinthe-rigaud.fr/single-post/2017/08/28/Un-modèle-fort-épris-de-sa-personne.

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile [Rigaud et atelier ?]. H. 81 ; L. 65 cm. Collection particulière. Ancienne étiquette au dos : Dubuisson, n°133. Vente Christie's Paris, 19 septembre 2017, lot 28, repr.
  • 2. Huile sur toile [Atelier de Rigaud ?]. H. 81 ; L. 65 cm. Collection particulière. Acquis par l'actuel propriétaire auprès du cabinet Turquin à Paris.
  • 3. Huile sur toile [Atelier de Rigaud ?]. H. 81 ; L. 64 cm. Collection particulière.
  • 4. Huile sur toile, H. 82,5 ; L. 61 cm. Vente Paris, 12-13 juillet 1905, n°103, illustré ; vente Paris, hôtel Drouot (Delvaux), 19 décembre 2008, lot 51 (comme marquis de La Martinière).

Descriptif :

Le présent portrait, dont il existe différentes versions, attribuées en tout ou partie à Rigaud et/ou à son atelier, illustre bien la difficulté que peut avoir l'historien pour démêler l'original de la copie. En effet, l'exemplaire estampillé Dubuisson [PC.1174-1] — considéré comme le prototype par James-Sarazin —, ne présente pas sur le front une cicatrice ou marque de naissance (en forme de losange), que d'autres versions, considérées elles comme des copies, font apparaître. Si la disparition de cette particularité anatomique peut s'expliquer sur les copies d'après l'original (soit par oubli ou par coquetterie), l'inverse nous semble peut probable. À moins qu'il ne s'agisse que d'un défaut de la toile ou d'un repeint [?].

L'exemplaire vendu par Delvaux était indentifié par tradition comme représentant un marquis de La Martinière, personnage absent des livres de comptes de l'artiste. Portant une cape de velours aubergine doublée de brocard à fond d'or, le modèle au nom énigmatique reprenait une attitute typique des portraits en buste de Rigaud dits « au revers de brocard » du fait de ce dernier, apparaissant dans le bas du drapé. Toujours figuré sans mains, il porte une perruque à hautes cheminées caractéristiques des années 1710. 

Une meilleure version, en provenance des descendants directs de ce personnage, né en 1646, fait apparaître une facture bien meilleure, sans doute cette fois-ci (et malgré de forts repeints dans le visage) le proptotype de la composition*.

Ce portrait offre l'une des variantes les plus prisées par Rigaud à cette époque, l'artiste aimant à varier sans cesse les plis dans une posture, plus lascive, comme notamment dans le portrait du marquis de La Mésangère (1712), de Jacques Asselin de Villequier (1711), du marchand drapier Guillaume Castanier (1670-1725), baron de Conffoulens (1718), de l'inconnu de la Galerie de Dulwich, du Marquis d'Andrezel, du malouinoien Guillaume Eon, d'un anonyme, eux-mêmes variantes du « beau Bouhier » de Dijon. Les exemples ne manquent donc pas pour appuyer les comparaisons.

Cependant, un élément intéressant a été porté à notre connaissance par les nouveaux propriétaires de l'exemplaire souche de ce portrait après son acquisition de la vente Bruxelles. Au dos, celui qui rentoila l'œuvre à la fin du XIXe siècle, avait pris soin de reporter une ancienne signature qui figurait sur la toile d'origine et qui date le tableau : « peint par Hyacinthe Rigaud 1712 ». Si aucun modèle nommé La Martinière n'apparaît à cette date dans les livres de comptes de Rigaud — que l'on sait parfois oublieux –, cette inscription confirme bien la cohérence entre le style vestimentaire du personnage issu de la famille de sa dernière détentrice (la comtesse Bergasson de Landais), et celui de cette première décennie des productions de Rigaud**.


 mises à jour : *24 octobre 2021 ; **13 janvier 2021

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan