FLEURIAU D'ARMENONVILLE Joseph Jean-Baptiste

Catégorie: Portraits
Année : 1709

 

P.1043                                                                                                       

Âge du modèle : 48 ans

Huile sur toile
H. 147 ; L. 115 cm.
Château de Rambouillet.

Au dos, sur le châssis, inscription rapportée après rentoilage : peint par Hyacinthe Rigaud 1709

Ancienne étiquette : Propriété / de M. le Duc de La Rochefoucault Doudeauville

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1709 pour 500 livres (ms. 624, f° 29 v° : « M[onsieu]r Darmenonville, Con[seill]er d’Estat ») ; par descendance à son fils aîné, Charles Jean-Baptiste Fleuriau de Morville (1686-1732) ; sa fille, Jeanne Fleuriau de Morville (1711-1768), épouse d'Alexandre Nicolas de La Rochefoucauld (1709-1760) ; à leur fils, Jean-François de La Rochefoucauld (1735-1789) ; à leur fils Ambroise Polycarpe de La Rochefoucauld (1765-1841) ; à leur fils Sosthène de La Rochefoucauld (1785-1864), second duc de Doudeauville ; par descendance ; vente Sotheby's New-York, 30 janvier 2019, lot. 208 ; acquit à cette vente par le CMN pour le château de Rambouillet.

Bibliographie :

Hulst/3, p. 188 ; Roman, 1919, p. 145, 147, 148, 162, 174 ; Roux, VII, 1951, n° 202, p. 176-177 ; Constans, 1995, II, p. 763, n° 4303 ; Perreau, 2004, p. 95 ; Perreau, 2013, cat. *P.1043, p. 215 [tableau et dessin non localisés] ; Perreau, « Quand Fleuriau d’Armenonville retrouve Hyacinthe Rigaud... », www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com, 20 septembre 2014 [dessin] ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.1095 [tableau non localisé ; 2003/2, cat. I, n°897, idem] ; « Darmenonville en majesté : un chef-d'œuvre par Hyacinthe Rigaud », www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com, 21 décembre 2019, http://hyacinthe-rigaud.over-blog.com/2019/12/d-armenonville-en-majeste.html.

Œuvres en rapport :

  • 1. Pierre noire, gouache blanche, lavis brun et plume sur papier bleu mis au carreau, par Monmorency et Rigaud.
  • 2. Huile sur toile, suiveur de Rigaud (var.), H. 144 ; L. 140 cm. Versailles, musée national du château. MV4403. Plusieurs copies de cette toile sont connues dont une, dans une collection privée parisienne (H. 80 ; L. 63 cm).
  • 3a. Gravé par Jen-François Cars en 1720.
  • 3b.  Gravé par Étienne-Jehandiers Desrochers d’après Cars (variantes).
  • 4. Huile sur toile, H. 0,39 ; 0,31 cm. Charenton-le-Pont, hôtel de ville. inv. 19960000. Ancienne collection Guy de Aldecoa ; achat de la ville en 1996 ; inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques (arrêté du 17 juillet 2002). Bibliographie. : James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.1095, p. 365.
  • 5. Huile sur toile ovale d'après Rigaud. H. 64 ; L. 48 cm. Vente Paris, Ader, 17 mars 2023, lot. 27. L'image propose une vêture différente, avec un habit d'administrateur civil de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis.

Copies et travaux :

  • 1708 : Monmorency reçoit 6 livres pour « un dessein de M[onsieur] Darmenonville » (ms 625, f° 24 v°)
  • 1709 : Leprieur reçoit 80 livres pour « une copie de M[onsieu]r Darménonville en pied », 70 livres pour « Une copie de M[onsieu]r Darménonville en grand » et 12 livres pour « une teste de M[onsieu]r Darménonville » (ms. 625, f°25).
  • 1711 : Bailleul reçoit 30 livres pour « une coppie de M[onsieur] d’Arménonville, toille de 4lt » livres (ms. 625, f°29).
  • 1714 : Vialy reçoit 16 livres pour avoir « travaillé à un bureau d’après M[onsieu]r d’Arménonville » (ms. 625, f° 31 v°).

Descriptif :

Des trois portraits peints par Rigaud de Joseph Jean-Baptiste Fleuriau d’Armenonville (1661-1728), en 1692, 1706 et 1709, nous ne connaissions jusqu'ici que peu de choses, excepté leur dimension probable. La réapparition du dessin correspondant à ce troisième portrait de Fleuriau d’Armenonville semble avoir remis de l’ordre dans cet ensemble. Il correspond en tout point au style utilisé par Rigaud dans cette première décennie du XVIIIe siècle et au prix du dessin exécuté par Monmotency (6 livres). On y reconnait également aisément le bureau, copié par Vialy en 1714 destiné à un autre portrait de même que le format à mi-corps de la copie de Bailleul en 1711 (une toile de 4 livres). Ainsi, on rejettera désormais notre hypothèse selon laquelle le tableau de 1709 devait trouver son riccordo dans une petite esquisse vendue à Londres, chez Sotheby’s, le 18 avril 2000 sous le numéro 333 (Huile sur toile, H. 29 ; L. 22,2 cm). 

D’Armenonville était devenu conseiller d’État en 1705 et tenait aussi la fonction d’administrateur civil de l’ordre de Saint-Louis. Aussi, comprends-t-on que le visage du modèle se soit rapidement retrouvé dans une extrapolation du portrait avec le vêtement typique de cette charge, se subtituant à la robe plus sobre de parlementaire. L’estampe de Cars, « buste sans mains, tiré sans aucun changement d’un portrait jusqu’aux genoux, hormis qu’on y a ajouté la croix et le cordon de l’ordre de St Louis » nous dit Hulst, présentait donc une « addition d’une main étrangère ». Le dessin et la gravure montrent pourtant la même posture en contrepartie l’une de l’autre : le modèle y est vu tourné de côté, vêtu d’une grande robe noire de parlementaire avec son rabat blanc en deux parties. Le buste est cintré par une ceinture nouée sur le devant du torse de même couleur que la robe. Fleuriau est disposé debout, dans un environnement de palais ou de chambre officielle, décoré en fond de deux colonnes dont les fûts sont enveloppés d’un lourd manteau flottant animant la scène. L’homme semble s’être levé d’un fauteuil pour parachever l’envoi d’une missive cachetée qu’il serre dans une main, tandis que l’autre tient une plume qu’il vient de tremper dans une encrier posé sur un bureau plat. L’attitude et le répertoire feront recette. Avec plus ou moins de variantes, on retrouvera la posture dans le portrait du ministre Philibert Orry en 1735. La main tenant la plume se reverra aussi en 1718 dans l’effigie présumée de Lamoignon de Basville (anciennement dit de d’Ormesson)… La tête de satyre d’après un modèle de Girardon, ornant l’un des pieds du bureau, sera également un élément récurrent des éléments de décors chez Rigaud. On le trouve dans le portrait du président de Nicolay, du ministre Dodun, du financier La Jonchère, ou de Bossuet…

Dès avril 1719, le modèle était en effet devenu grand’croix et secrétaire de l’ordre de militaire Saint Louis, moyen parfait pour antidater l’estampe. Plus tard, en 1722, il obtiendra le poste de garde des sceaux, expliquant ainsi le changement opéré par Étienne Jehandiers Desrochers dans sa propre estampe largement inspirée de Cars : Fleuriau d’Armenonville y est vêtu de l’habit de velours violet, doublé de satin cramoisi, représentatif de sa charge (Perreau, 2013, cat. P.1043-4-b.). Notons que cette nouvelle fonction de garde des sceaux motiva également un suiveur de Rigaud dans l’échafaudage plus ou moins heureux d’une composition que l’on donna pourtant longtemps au maître (Huile sur toile, H. 144 ; L. 140 cm. Versailles, musée national du château. MV4403). Reprenant le visage et la perruque inventés dans l’original, l’auteur pensa « faire du Rigaud » en faisant asseoir le modèle dans un fauteuil, tenant une lettre et posant l’une de ses mains sur le coffre contenant les sceaux, lequel se trouve disposé sur une table recouverte de velours. Peut-être s’était-il d’ailleurs inspiré d’un autre portrait du maître, aujourd’hui perdu, figurant Daniel-François Voysin de La Noiraye (1652-1717), « habillé avec ses habits de cérémonie. Il est assis sur un fauteuil vis-à-vis le coffre des sceaux du roi » (l’œuvre fut peinte en 1715). 

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan