LEMOINE Marie Madeleine

Catégorie: Portraits
Année : 1699

 

PC.626

Huile sur toile
H. 91,5 ; L. 73,5.
Collection particulière.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1699 sans prix (ms. 624, f° 16, rajout de Hulst : « Mad[am]e Passerat. Les fleurs id. [de Huilliot] ») ; vente Paris, Pierre Bergé, 21 décembre 2006, lot 94 [=attr. Jean-François Delyen]. 

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 72 [loc. inc.], 77, 84, 148 ; Brême, 2000, p. 42 ; Morgan Grasseli, 1999, p. 156-157, n° 28 ; James-Sarazin, 2003, p. 314, 328 [loc. inc.] ; Perreau, 2004, p. 93 ; Perreau, 2013, cat. PC.626, p. 148, ill. coul. planche IX [Anne Lecourt] ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.652, p. 222 [Anne Lecourt ; rejet de l'assimilation du nom du modèle au tableau de la vente Bergé].

Copies et travaux :

  • 1699 : Huilliot reçoit 36 livres pour « les fleurs de M[adam]e de Croisy, dhozier et passerat » (ms. 625, f° 7).
  • 1700 : Viénot confectionne « un dessein de M[adam]e Passera », sans prix (ms. 625, f°10).

Descriptif :

Jusqu'en 2016, tous les historiens, dont nous faisions partie, ont repris la proposition de Roman qui voyait dans le présent portrait, rajouté aux livres de comptes par Hulst à la date de 1699, Anne Lecourt, épouse de Louis Passerat, avocat du roi en l’élection de Provins.

Dans la notice correspondante de notre catalogue raisonné de 2013, nous avions également repris cette idée tout en ajoutant l'existence, en 1709, d'une probable effigie de son époux qui pouvait rebattre la donne de l'identité. Les comptes de Rigaud s'étaient en effet faits, à cette date, l’écho de deux travaux sur ce portrait masculin (une copie et un buste), dont les mentions avaient été lus fautivement par Roman et par James-Sarazin qui rattachaient ces travaux au portrait de Madame Passerat. La réapparition du portrait identifié, signé et « historié » du chirurgien et démonstrateur d'anatomie, d'Alexandre Passerat (mort en 1702), permet de remettre aujourd'hui en doute l'identité initiale en proposant Marie Madeleine Lemoine.

Si l'on connaît le gros de l’agencement du portrait de Madame Passerat c'est grâce aux travaux payés à Leprieur pour l’habillement de l’effigie de Madame Hébert en 1702, qui fut calquée sur le présent portrait (selon James-Sarazin, qui a une autre lecture de la mention des travaux de Huilliot, le tableau serait fait d'après une autre composition).

Nous pensons que l'aide d'atelier reçoit un paiement pour avoir copié la tête de madame Hébert, après en avoir ébauché l’habillement d’après celui madame Passerat. Il fut également chargé d'en finir les mains et de rajouter une draperie de velours rouge avec un pot de fleurs et un rideau (ms. 625, f°22). Sur l'original de Madame Hébert, Leprieur changea en outre les mains, modifia l'habillement et rajouta un rideau absent du portrait de Madame Passerat que nous identifions avec le beau portrait de la vente Bergé.

Si la facture un peu rèche des vêtements indique sans nulle doute le pinceau d'un aide d'atelier, preuve d'une collaboration sur ce portrait, les carnations, elles, trahissent une grande maîtrise d'excécution. L'examen direct de la toile a pu bien confirmer la qualité de la touche qu'une simple photographie ne laisse pas deviner. 

On retrouvera dans d’autres compositions divers éléments utilisés ici, à l'instar de l'élégante main cueillant un œillet provenant du même ensemble végétal présent dans l'effigie de Madame Legendre [*PC.709]. La main droite, quant à elle, toute calme et posée qu’elle est sur un rocher, rappelle celle de Madame Neyret de La Ravoye [P.796]. Le drapé rose orangé n’est pas non plus sans évoquer la virtuosité de celui du portrait de la comtesse de Linières [P.476].

En 2021, un portrait de femme non identifié, dû à un suiveur de Rigaud, prouve que la composition connut un certain succès bien après la production du prototype*. On la retrouvera même axtrapolée et adaptée par un peintre allemand pour son portrait de la princesse Wilhelmine Caroline von Brandenburg-Ansbach (1683-1737).

 

Ecole française du XVIIIème siècle, Suiveur de Hyacinthe Rigaud
Portrait de femme 
Huile sur toile, 78,5 x 63 cm
Vente Paris, hôtel Drouot, Pescheteau-Badin, 15 juin 2021, lot. 6

 


Mise à jour de la fiche : 23 juillet 2017 ; *06 juin 2021

Poser une question à propos de cette oeuvre
Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan