LA BAUME DE MONTREVEL Nicolas Auguste de

Catégorie: Portraits
Année : 1711

 

*PC.1126

Âge du modèle : 66 ans

Huile sur toile
Dimensions inconnues [buste]
Localisation actuelle inconnue.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1711 pour 500 livres (ms. 624, f° 32 : « M[onsieu]r le M[aréch]al de Montrevel [rajout :] hab[illement] rép[été] sur celui du Ma[réch]al de Vauban »).

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 157, 173 ; Perreau, 2013, cat. *PC.1126, p. 228 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.1202, p. 398 [2003/2, cat. I, n°950].

Copies et travaux :

  • 1714 : La Penaye reçoit 10 livres pour avoir « fini une teste du maréchal de Mont Revel », « Et [en avoir] ébauché l’habillement » lui procure autres 6 livres (ms. 625, f° 30 v°). À la suite de Roman, nous avions également attribué à La Penaye le travail d'habillement de l'original du portrait du maréchal contre 50 livres, mais une relecture attentive des livres de comptes renvoie désormais ce travail au portrait de lord Montcassel.

Descriptif :

Roman proposa dès 1919 l'identité de Nicolas-Auguste de la Baume, marquis de Montrevel (1645-1716), était le fils de Ferdinand de La Beaume (1603-1678), lieutenant général et gouverneur de Bresse et Bugey, et de Marie Olier-Nointel. Chevalier, marquis puis maréchal de France. Brigadier (1677), Commissaire Général de Cavalerie (1678), maréchal de camp (1688), lieutenant général (1693), commandant général du Languedoc (1703), de Guyenne (1705), d’Alsace et de Franche-Comté (1716), maréchal de France (1703), notre modèle fut fait chevalier du Saint-Esprit depuis le 2 février 1705 et chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis le 3 mars 1700 (D’Hozier, 1817, I, p. 217). Montrevel participa à de nombreux sièges lors des guerres de Hollande tels ceux de Douai, Tournai, et Lille durant la guerre de Dévolution (1667/1668), au dégagement d’Oudenarde (1674), à la bataille de Cassel (1677). Il servit durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg et à la bataille de Fleurus (1690) avant de devenir commandant en Alsace et en Franche-Conté (avril 1716).

D’une très grande bravoure, il mourut de l’effet d’une superstition banale selon Saint-Simon qui nous en livre un portrait plutôt cruel : « Le maréchal de Montrevel, dont le nom ne se trouvera guère dans les histoires, ce favori des sottes, des modes, du bel air, du maréchal de Villeroy et presque du feu roi, duquel il avait tiré plus de cent mille livres de rente en bienfaits, dont il jouissait encore, et qui n'a pu être nommé que pour ce à quoi il avait le moins de part, une figure qui le fit vivre presque toute sa vie aux dépens des femmes, une grande naissance et une valeur brillante, par delà, quoi que ce puisse être, mourut escroc de ses créanciers, n'ayant rien vaillant que trois mille louis qu'on lui trouva, et force vaisselle et porcelaines. Il avait les misères des femmes qui l'avaient fait subsister, et il ne craignait rien tant qu'une salière renversée. Il se préparait à aller en Alsace. Dînant chez Biron, depuis duc, pair et maréchal de France, une salière se répandit sur lui. Il pâlit, se trouva mal, dit qu'il était mort ; il fallut sortir de table et le mener chez lui. On ne put lui remettre le peu de tête qu'il avait. La fièvre le prit le soir, et il mourut quatre jours après, n'emportant de regrets que ceux de ses créanciers. Il n'avait point eu d'enfants de deux femmes qu'il avait épousées, bien sucées, et fort mal vécu avec elles. Il laissa la dernière veuve qui était Rabodanges, veuve d'un Médavy-Grancey, chef d'escadre, dont elle avait deux filles Mmes de Flavacourt et de Hautefeuille qui a bien fait parler d'elle. »

Comme l'indique le livre de comptes de Rigaud, le maréchal fut peint suivant la posture adoptée pour le portrait du maréchal de Vauban en 1704 : debout, à mi-corps, les deux mains posées sur une canne ou bâton de commandement, devant un fond de paysage. On retrouve cette même posture dans un portrait de militaire non encore identifié, paraissant plus jeune que ne l'aurait été Montrevel sur son portrait, mais peint probablement dans les mêmes années comme en témoigne le style de la perruque. On dispose surtout aujourd'hui d'une iconographie XIXe de Montrevel, faite pour les besoins de Versailles par Gillot Saint Evreen en 1835. Il s'agit d'une copie d'un portrait dit de famille dans lequel le maréchal y porte le cordon bleu de l'ordre du Saint Esprit, obtenu en 1705, et que Rigaud n'aurait sans doute pas oublié de faire figurer sur son portrait (huile sur toile, H. 214 ; L. 140 cm. Versailles, musée national du château, MV4579, voir Constans, II, p. 811).

Une copie de l'effigie du maréchal de Montrevel fut léguée par Rigaud au couvent des Jacobins de la rue Saint-Dominique : « Item le Portrait de Monsieur le maréchal de montrevel sur une toile de quatre francs sans bordure numéroté seize, prisé la somme de cent livres » (Inventaire après décès, n°268, fol. 38). Cette disposition avait été stipulée par le second Codicile de Rigaud du 27 décembre 1743[1] et reprise par divers Almanachs de voyages dès le XVIIIe siècle[2].

 


[1] Arch. Nat., Minutier central, ET/LXXIX/36.

[2] Luc Vincent Thiéry, 1784, p. 372 « Dans le même cabinet, sont 7 beaux Portraits peints par Rigaud ».

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan