BENTINCK Hans William

Catégorie: Portraits
Année : 1698

 

PC.560

Âge du modèle : 49 ans

Huile sur toile
H. 137 ; L. 104.
Welbeck Abbey, coll. Portland. Cat. 1861, n° 354.

Inscr. : « William Bentinck / Earl of Portland 1697 ».

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1698 pour 840 livres [prix pour deux portraits] (ms. 624, f° 14 v° : « Milord Portland et milord son fils. [rajout :] Le fonds de J[oseph]. Parrocel ») ; par descendance.

Bibliographie :

National Portrait exhibition, 1867, n° 5, Fairfax Murray, 1894, p. 41, n° 148 ; Roman, 1919, p. 64, 68, 75 ; Goulding, 1936, p. 58-59, n° 148 ; Bunker et Montgomery, 1945, p. 202 ; Blunt, 1953, p. 339 ; Perreau, 2004, p. 202-203 ; Delpalanche, 2006, cat. PP.9, p. 225 ; Perreau, 2013, cat. PC.560, p. 138-139 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. P.583, p. 200-201  (2003/2, cat. I, n°498).

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud, H. 100 ; L. 76 cm. Collection particulière [ancienne collection du duc de Wellington à Stratfield Saye, n°1909 (comme portrait du maréchal de Schomberg par Largillierre) ; vente Londres, Christie’s, 29 juin 1979, lot 85].
  • 2. Huile sur toile, suiveur de Rigaud (variantes), H. 139 ; L. 117 cm. Londres, National Portrait Galery. Cat. n° 1968, pl. 29a. Peut-être l'exemplaire en provenance de la fille du modèle, Sophie, duchesse de Kent, puis par descendance et mariage aux comtes de Brownlow à Ashridge ; acquis par le musée en 1922.
  • 3. Huile sur toile d’après Rigaud, ancienne collection Fountaine à Narford (vente Londres, Christie’s, 7 juillet 1894).
  • 4. Huile sur toile, H. 135.9 ; L. 107.7 cm. Miami, The Bass museum of art. Inv. 1963.031. Ancienne collection du vicomte Hampsen, The Hoo, 1910 ; vente Christie's, Londres, 29 mai 1959, lot. 96 ; collection Bass ; don au musée en 1963.
  • 5. Huile sur toile d'après Rigaud. H. 76 ; L. 63,5 cm. Château Middachten, De Steeg (Rheden) , inv. n° 72
  • 6. Huile sur toile d'après Rigaud. Collection von Krosigk à Helmarhausen.
  • 7. Huile sur toile d'après Rigaud (artiste néerlandais vers 1707 ?). H. 118 ; L. 97,5 cm. Hollande, Voorschote, château de Duivenvoorde, inv./cat.nr DVS00026. Ancienne collection van Wassenaer depuis 1707 ; par descendance au baron Frederik Sigismund Alexander Torck jusqu'aux barons Schimmelpenninck van der Oye depuis 1960.
  • 8. Huile sur toile d'après Rigaud. Pays-Bas, musée national du palais d'Het Loo. Inv. 3670.

Copies et travaux :

  • 1698 : « Deux [copies] de milord portland et milord son fils » pour 500 livres (ms. 624, f°15 v°).
  • 1698 : Parrocel reçoit 56 livres « pour le fonds de M[onsieu]r de vandosme et milord portland » (ms. 625, f°5 v°).
  • 1699 : « deux [copies] de milord portland et milord son fils » pour 420 livres (ms. 624, f°17).

Descriptif :

Hans-William Bentinck, 1rst Comte de Portland (1649-1709), baron Bentinck de Diepenheim et Schoonheten, Baron Cirencester, Vicomte Woodstock, Chevalier de la Jarretière (brevet n°505) est né en Hollande, de Bernard-Baron Bentinck (mort en 1668) et d’Anne de Bloemendale (morte en 1685). Il épousa en premières noces le 1er février 1678, Anne Villiers (v. 1663-1688), fille de Sir Edward Villiers (1620-1689) et de Lady Frances Howard (v. 1633-1677). Puis, le 12 mai 1700, s’unit à Jane-Martha Temple (v. 1672-1751), fille de Sir John Temple. Portland eut cinq enfants de son premier mariage et six de l’autre. Il devient rapidement un ami de William III d’Orange, et fit son entrée d’ambassadeur à Paris en 1698. Dans une lettre à la duchesse de Hanovre, datée du 18 mars 1698, la princesse Palatine nous dit : « Dimanche, Mylord Portland a fait son entrée à Paris. Sa livrée était d’une grande magnificence. Il avait six carosses, douze chevaux de main, douze pages, cinquante estafiers et un grand cortège de mylords. Mardi dernier, il a eu ses audiences ici [Versailles], et comme en France il faut qu’on chansonne tout, on a fait aussi un pont-neuf sur cette entrée. […] Ce qui m’y paraît drôle, c’est qu’ils y chantent les louanges de l’ambassadeur du roi même qu’ils ont brûlé en effigie il y a quelques années et traîné dans les rues »…

Bentinck est représenté par Rigaud à mi-corps aux genoux, un bâton dans la main droite étendue vers la droite du tableau, l’autre main est posée sur son casque à plume posé devant lui. Cette attitude est typique d’un habillement répété que l’on retrouve dans le portrait du Grand Dauphin, du maréchal de Villeroy ou d’Antoine Ier Grimaldi pour ne citer qu’eux... Portland rencontra Rigaud à Paris en 1698, alors qu’il était ambassadeur extraordinaire. Le tableau original, avec le fond peint par Parrocel, est conservé dans les collections de la famille Portland, à Welbeck Abbey. L’œuvre et deux copies d’atelier, furent sans doute achevées à la fin du mois de mai 1699. En effet, le portrait de Portland et celui de son fils (n°149 dans Goulding) ont été commencés par Rigaud en 1698 lorsque le comte était à Paris comme ambassadeur extraordinaire. La première copie fut faite pour Matthew Prior (Lettre du 4 août 1698 de Christina Meyercron à William Bentinck [Pw A 876] dans laquelle on demande à Prior de ne pas envoyer son portrait tant que Rigaud n’a pas achevé la copie). D’ailleurs, Prior écrit au comte le 17 octobre 1698, en avouant qu’il ignore « quand ce bègue coquin de Rygault finira les tableaux, tant il a un vaste chantier entre ses mains » (Papiers de Longleat, III, 276). Les 14  janvier 1698 et 24 janvier 1689, il écrivit : « Je me dois de vous obéir en vous envoyant les plans de Mr Mansart (Il s’agit des plans des maisons pour William III), et de les envoyer avec les images que ce bègue de Rygault m’a promises il y a quelques jours » (lettre à Welbeck). Dans une autre lettre, non datée, il livre : « Le portrait de Monsieur le Comte est enfin à disposition chez Rygault, je ne puis que répéter que je l’ai pressé autant que j’ai pu, et l’ai flatté autant que possible, sans arriver à le faire céder » (Papiers de Longleat, III, 315). De nouveau, le 1er avril 1699, il écrit : « Rigault travaille à la dernière copie du portrait de Monseigneur. J’ai fait ce que j’ai pu pour le presser, mais j’ai préféré patienter plutôt que de laisser gâcher la pièce par ses gens (papiers de Longleat, III, 330). Finalement, le 18 mai 1699, il avoue dans une lettre à Welbeck : « Rygault aura, je pense, mit finalement le meilleur de son art à terminer le portrait ». La copie de Prior fut vendue après sa mort en 1721 (Bunker & Montgomery, 1945, p. 202). L’autre copie fut réalisée pour une amie du comte, Christina de Meyercron, qui lui écrit une lettre de remerciement le 4 février 1699 (Goulding, Pw A 885). Elle raconte que Lady Jersey, future comtesse de Clermont-Chaste, a vu le portrait : « Elle le trouve fort resamblant, et la favoritte (Lydie de Rochefort de Théobon, comtesse de Beuvron, morte en 1708) et moy nous en sommes charmé ». Elle ajoute qu’elle l’emportera à Port-Royal lorsque Madame s’y rendra pour la première fois : « Je suis tellement enchantée de l’avoir que tout ce que je puis dire pour vous remercier ne pourra que faiblement témoigner de ma profonde gratitude ». Madame Palatine admira ainsi le tableau en avril 1699 (Pw A 983/1-2) et avoue au comte : « Il y a quelque jours que je fust au Port Royal ou Made de Mayercroon m’aporta vostre portrait ; my Lord, vous ne croyes peustestre pas qu’estant vu des homes du monde qui avez les yeux les mieux ouvert, on puisse s’advisser de vous ouvrir les yeux c’est pourtant ce qu’on va faire, mais ce n’est que dans vostre portrait, ou pour vous voulloir faire un air souriant le peintre vous a fermes les yeux plus de moitié ». Leur localisation actuelle n’est pas connue.

Une réplique fut exécutée pour Matthew Prior, auquel écrit le secrétaire du comte, J. van Leeuwen, le 13/23 septembre 1698 : « Son Excellence désire vous faire le présent d’une copie de son portrait, et vous n’avez qu’à mettre Rigault à l’œuvre sans perdre de temps, Monseigneur est impatient d’avoir l’original. Soyez aimable de payer Rigault pour votre copie et de le mettre sur mon compte » (Papiers de Longleat, III, 269). Cette copie porte le n°26 dans la liste des portraits de Prior, faite par son secrétaire Adrian Drift en 1721.

Contrairement aux nombreux exemples de cet habillement répété, le fonds du portrait de Portland ne présente pas de bataille mais un paysage simple. Ceci confirme que Parrocel pouvait être employé à figurer d’autres thèmes que ceux militaires.

Voir le portrait de son fils, lord Woodstock, peint la même année.

Localisation de l´œuvre :

Welbeck Abbey, United Kingdom

Poser une question à propos de cette oeuvre
Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan