GUYET DE CHEVIGNY Nicolas

Catégorie: Portraits
Année : 1696

 

P.460

Huile sur toile
H. 66 ; L. 54.
Tours, musée des Beaux-arts. R.F. 1985-73.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1696 pour 140 livres (ms. 624, f° 12, rajout de Hulst : « [M.] le R. P. de Chavigny ») ; acquis par A. P. de Mirimonde dans une vente à Paris, Hôtel Drouot, 30 mai 1941, lot 127 (comme « Portrait d’homme en habit noir » attribué à Jean Jouvenet) ; Affecté au Musée de Tours.

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 51, 53, 54 ; Roux, VII, 1951, n° 258, p. 189 ; Weigert, IV, 1961, n° 92, p. 363 ; Rosenberg, 1987, p. 62 ; Perreau, 2013, cat. P.460, p. 122 ; James-Sarazin, 2016, II, cat. *P.482, p. 161 (2003/2, cat. I, n°402).

Expositions :

Paris, 1956, n°68 ; Paris, 1987, p. 62-63.

Œuvres en rapport :

  • 1a. Gravé par Étienne Jehandier Desrochers, faisant partie d’un recueil de portraits gravés par cet artiste qui le commença dès 1726 et le laissa inachevé à sa mort : « NICOLAS GUYET DE CHEVIGNY, PRESTRE DE L’ORATOIRE / Hyacinthus Rigaud pinxit. » Voir Roux 1949-1951, VIII, p. 189, n°258 ; Cat. expo. Louvre 1987, repr. p. 63.
  • 1b. Gravé par Étienne Grantel. « NICOLAS GUYET DE CHEVIGNY PRESTRE DE l’ORATOIRE ».

Copies et travaux :

  • 1696 : « Deux [copies] du père chavigny » pour 100 livres (ms. 624, f°12 v°).
  • 1696 : Dupré reçoit 28 livres « pour deux copies du père chavigny » (ms. 625, f°4), sans doutes celles produites la même année.

Description :

Mirimonde a décrit en termes heureux cet attachant portrait de Nicolas Guyet de Chevigny (1622-1698) : « Le Père de Chevigny s’est fait peindre à l’âge de soixante-quinze ans, deux ans avant sa mort. L’âge a accentué les traits, creusé les joues, dégarni le front, parcheminé la peau et marqué les pommettes d’une légère couperose. Pourtant, la physionomie reste pleine de vie. Le regard pénétrant demeure bienveillant, un léger sourire tempère l’austérité du visage. L’attitude rappelle encore l’ancien officier. Le portrait confirme les indications données par les contemporains : manifestement Rigaud s’est intéressé à son modèle et il l’a compris comme il savait si bien le faire ». Le tableau passait autrefois pour être de la main de Jean Jouvenet, et représenter Pomponne Guilbert, oratorien, selon une inscription apocryphe portée au revers de la toile (« Le Père Guilbert, 1650-1711, oratorien »). C’est à Georges de Lastic que l’on doit sa réattribution à Hyacinthe Rigaud, confirmée par la gravure en contrepartie de ce portrait, due à Étienne-Jehandier Desrochers.

Guyet de Chevigny avait délaissé une première carrière militaire (capitaine dans les gardes du roi en 1658) pour entrer dans l’ordre de l’Oratoire en 1667 où il se consacra surtout aux missions. S’il semble exclu, vu sa qualité, que le tableau du musée de Tours corresponde à l’une des répliques exécutées par Dupré, il n’est guère facile de décider s’il s’agit de l’original même de Rigaud ou de l’une des deux copies pour lesquelles l’absence de nom d’exécutant, dans les livres de comptes, invite à penser que Rigaud y mit peut-être la main. Il reste que ce portrait s’inscrit parfaitement dans une série d’ecclésiastiques que Rigaud réalisa entre 1689 et 1699 et dont le dépouillement général, mais aussi les qualités épidermiques et les subtilités expressives prolongent, un demi-siècle plus tard, avec une couche moins glacée et une palette plus chaleureuse qui attestent son admiration pour Van Dyck, les inventions d’un Philippe de Champaigne. Saint Simon eut quelques mots descriptifs sur le modèle (Mémoires, 1698, II, 5) : « Le P. de Chevigny de l’Oratoire mourut en ce temps-ci. C’était un gentilhomme de bon lieu, qui avait servi longtemps avec réputation, et connu du roi. M. de Turenne l’aimait fort, et tous les généraux de ces temps-là l’estimaient. Cela l’avait fort mis dans le grand monde. Dieu le toucha et il se fit prêtre, se mit dans l’Oratoire, et le servit d’aussi bonne foi et d’aussi bon coeur qu’il avait servi le roi et le monde. Il conserva d’illustres amis dans sa retraite dont il ne sortait presque jamais. Il se trouva fort mêlé et lié avec tous les fameux jansénistes, et en butte à leurs persécuteurs. C’était un homme droit, franc, vrai, et d’une vertu simple, unie, militaire, mais grande, fidèle à Dieu, à ses amis et au parti qu’il croyait le meilleur. Cela embarrassa les pères de l’Oratoire. »

Localisation de l´œuvre :

Tours, musée des Beaux-arts, France

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan