ANONYME

Catégorie: Portraits
Année : 1699

 

P.sup.7

Huile sur toile ovale
H. 73 , L. 58 cm.
Collection privée

Historique : 

Peint vers 1699-1700 ; vente Blois, Pousse-Cornet, 3 octobre 2015, lot. 56 [école française du XVIIIe siècle].

Bibliographie : 

Stéphan Perreau, « Hyacinthe Rigaud : chroniques des ventes 2015 (dernière partie) », [en ligne] 14 mars 2016, http://hyacinthe-rigaud.over-blog.com/2016/03/hyacinthe-rigaud-chroniques-des-ventes-2015-derniere-partie.html ; James-Sarazin, 2016, II, cat. PS.6, p. 651.

Descriptif :

La modèle, malheureusement difficilement identifiable, était présentée en buste, la tête et le regard complètement tournés vers la droite. Ses cheveux, ordonnés en un chignon volumineux dégageant l’oreille, sont disposés assez haut et sont ici retenus par un ruban ondulant qui retombe sur l’épaule. Sur le front, une boucle en « cruche » s’échappe de cet ensemble bien ordonné. Le mouvement de l’épaule droite prouve que la composition originale, dont découle ce portrait réduit au seul buste, devait figurer à l’origine des bras. En examinant attentivement l’ensemble de la vêture, du corsage légèrement défait agrémenté de perles jusqu’à l’ordonnance du grand drapé en bas à droite, le spectateur est immédiatement renvoyé à l’œuvre phare de Rigaud en matière de représentation de femmes, le portrait de Catherine-Marie Le Gendre de Villedieu (1682-1749), peint en 1701 et superbement gravé par Simon Valée. 

Représentée à mi-corps, vêtue d’une somptueuse robe de soie aux plis harmonieusement agencés, la jeune Madame Le Gendre semblait flâner dans un parc, s’arrêtant sous les douces frondaisons d’un arbre, près d’un grand vase à anses dans lequel poussent divers œillets. D’une main délicate, elle en prélève un de couleur rouge, symbole de la fécondité et de l’amour, et pose son autre main sur l’épaule d’un jeune serviteur maure qui lui tend, au premier plan, une corbeille généreusement garnie de fleurs coupées entourant une très belle rose. La composition rencontra un grand immense succès et fut reprise plusieurs fois pour différentes modèles désireuses d’égaler, par le faste de la mise en scène, les grandes compositions militaires et parfois arrogantes de leurs époux. La marquise de Louville (1708) ou la comtesse Eva Bielke Oxsternstiern  (1710) furent de celles-là. 

Quoique Rigaud fut naturellement galant avec les Dames, il n’aimoit point à les peindre : Si je les fais telles qu’elles sont, elles se trouveront pas assez belles ; si je les flatte trop, elle ne ressemblerons [sic] pas ».

À la vue du portrait de la jeune de Blois comme de l’image de Madame Le Gendre, il est difficile pour l’œil contemporain d’accorder quelque crédit aux dires de Dezallier d’Argenville, aussi justes soient-ils. Le chroniqueur, proche des artistes de son temps, donnait ainsi à l’historien moderne l’argument principal plaidant en faveur d’un Rigaud « peintres des hommes », pour qui seule la ressemblance importait, opposé à un Largillierre plus arrangeant avec la vérité de certains visages féminins.

Au travers du portrait de la belle blésoise, on perçoit l’envie qu’avait Rigaud de fixer pour longtemps sa vision des femmes, de les sublimer par des couleurs chatoyantes et des drapés volants, tout en respectant scrupuleusement la vérité de leurs traits. En témoignent le petit nez mutin de la modèle et l’air joyeux avec lequel elle semble regarder quelqu’un à l’extérieur de son propre portrait, aisément datable des années 1699-1700.

 

 

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan