LABRIFFE Arnaud II de

Catégorie: Portraits
Année : 1700

 

P.668

Âge du modèle : 51 ans

Huile sur toile
H. 142,2 ; L. 113.
Londres, The Schorr collection, n°321*.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1700 pour 450 livres (ms. 624, f° 17 v° : « M[onsieur] de Labriffe, procureur général ») ; Paris, Collection particulière ; Galerie Colnaghi, New York ; acquis par Michael L. Rosenberg ; Vente New York, Christie’s, 26 janvier 2005, lot 228 (repr. p. 43) comme portrait de Barthélémy Jean-Claude Pupil (non vendu), repr. ; vente New York, Christies, 6 avril 2006, lot 274 (non vendu), repr. ; acquis après vente par la Schorr collection.

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 79, 88, 91 ; Wintermute et Garstang, 1996, p. 28-29 ; James-Sarazin, 2003/1, p. 250, note 17 [avec « Armand » comme prénom du modèle] ; James-Sarazin, 2003/2, cat. I, n°589 [toile de Christie's non identifiée] ; Perreau, 2004, p. 184-186 [tableau : « un magistrat » pour le tableau de Christie's ; identification du modèle comme Arnaud de La Briffe, père de Marguerite Henriette] ; Perreau, 2013, cat. P.668, p. 155 [assimilation du tableau de la vente Christie's avec le portrait d'Arnaud II de La Briffe] ; Christopher Wright, The Schorr Collection : Catalogue of Old Master and Nineteenth-Century Paintings, MGFA Marylebone and General Fine Art, 2014, t. I, p. 213, t. II, p. 341 [« portrait d'un homme »] ; James-Sazarin, 2016, II, cat. P.718, p. 241[reprise de notre identification de la toile de Christie's et sans référence à la localisation du tableau dans la Schorr collection].

Œuvres en rapport :

  • 1. Huile sur toile d’après Rigaud [buste], Bailleul, 1701, H. 81 ; L. 65. Château de Thoiry, collections du vicomte de La Panouse. Nous avions découvert cette version pour la première fois lors de la visite du château de la Panouse et l'avions publiée pour la première fois dans Perreau, 2013, op. cit. P.668-1 [reprise dans James-Sarazin, 2016, avec la précision « C'est grâce à la redécouverte de ce buste que l'identité du modèle du grand format a pu être corrigée »]

Copies et travaux :

  • 1701 : « Une [copie] de M[onsieu]r de Labriffe, procureur général » pour 200 livres (ms.624, f°19).
  • 1701 : Bailleul touche 20 livres pour avoir fait « une [copie] de M[onsieu]r de Labriffe sur [une toile de] 3 l[ivres] t[ournois] » (Roman notait 8 livres) et un surplus d'une livre et 10 sols pour « Le bras de fauteuil de M[onsieu]r de Labriffe » (ms. 625, f°11 v°).

Descriptif :

C’est la réapparition du portrait de la fille du modèle, Anne-Catherine [P.569], et la comparaison logique de leurs traits communs, qui ont conjointement pu nous mettre sur la voie d’une nouvelle attribution de ce vaste portrait de magistrat anonyme, désormais identifiable comme Arnaud II de La Briffe ou Labriffe (1649-1700). Cette hypothèse a définitivement été corroborée par l’identification d’une version en buste, conservée au château de Thoiry. Celle-ci avait probablement intégré les collections du château par le jeu des alliances. La cadette des enfants du procureur général et de Madame Potier de Novion, Anne-Catherine avait épousé en effet Jean IV Rouillé de Meslay (1656-1715) lié à la famille Rouillé. Geneviève Louise Rouillé du Coudray (1717-1794) s’était unit en 1737 à Jean-Baptiste d’Arnouville (1701-1794), garde des sceaux de Louis XV de 1750 à 1757, membre éminent des familles détentrices du domaine de Thoiry.

La majoration de 50 livres par rapport au portrait de Verthamon |*P.634], peu éloigné dans la chronologie, s’explique sans doute par la présence d’une éventuelle table de travail. L’ancienne proposition comme étant l’effigie de Barthélémy Jean-Claude Pupil (1689-1779), basée sur une vague ressemblance, doit désormais être rejetée. Arnaud II de Labriffe était le fils de Jean de Labriffe (1641-1663), trésorier de France à Montpellier et d’Anne de Masparault. Notre modèle était titré marquis de la Ferrière-en-Brie (1692), chevalier, seigneur de Passy (1675), Les Bernardières et Saint-Brice, et tint les fonctions successives de conseiller au Châtelet puis au parlement de Paris (20 avril 1674), maître des requêtes « mais d’une brillante réputation » (selon Saint-Simon), procureur général du parlement de Paris en remplacement d’Achille III de Harlay (1639-1712) en septembre 1689, puis conseiller au Grand Conseil, intendant de Franche-Comté (1686) et à Rouen, enfin procureur de la commission des Grands Jours du Poitou. Le célèbre mémorialiste dresse un portrait peu engageant des relations entre Harlay et Labriffe :

« Harlay, procureur général, lui succéda, et Labriffe, simple maître des requêtes, mais d'une brillante réputation, passa à l'importante charge de procureur général. […] Labriffe, maître des requêtes, si brillant, se trouvait accablé du poids de cette grande charge, et n'y fut pas longtemps sans perdre la réputation qui l'y avait placé. Accoutumé à être l'aigle du conseil, Harlay en prit jalousie, et prit à tâche de le contrecarrer ; l'autre, plein de ce qui l'avait si rapidement porté, voulut lutter d'égal, et ne tarda pas à s'en repentir. Il tomba dans mille panneaux que l'autre lui tendait tous les jours, et dont il le relevait avec un air de supériorité qui désarçonna l'autre. Il sentit son faible à l'égard du premier président en tout genre ; il se lassa des camouflets que l'autre ne lui épargnait point, et peu à peu il devint soumis et rampant. […] Tout abattu qu'il était, il ne manquait point d'esprit ; mais la crainte et la défiance avaient pris le dessus. »

Il avait épousé dès 1675, Marthe-Agnès Potier de Novion, fille de l’académicien Nicolas Potier de Novion (1618-1693), président à mortier au Parlement de Paris, avec qui il eut quatre enfants âgés de quatre à huit ans lorsque leur mère décède, en juin 1686 :

Antoine-Arnaud de Labriffe (1699-1777), chevalier et seigneur d’Amilly, devint premier président au Parlement de Bretagne le 18 Août 1734 et épouse en 1719 Marie-Charlotte Quentin de Richebourg (1698-1763). Son autre fils, Pierre-Arnaud de La Briffe (1678-1740), Chevalier, Marquis de Ferrières, Conseiller du Roy en ses Conseils, maître des Requêtes, Intendant en Bourgogne et en Franche-Conté, conseiller d’État (1723), s’unira quant à lui en 1703 à Françoise-Marguerite Brunet de Rancy (1681-1747), fille de Paul-Étienne Brunet de Rancy (1653-1717) et de Geneviève-Michèle Colbert de Villarcerf (1658-1734). Mais c'est par ses filles qu'il scelle davantage ses liens avec Rigaud. En effet, l'aînée, Marguerite de Labriffe [*P.1335] avaity épousé dès 1694 Louis Bossuet [*P.582], neveu du célèbre évêque de Meaux. C’est en se remariant, en 1691, à Bonne de Barillon d’Amoncourt (1667-1733) qu’Arnaud II ajouta à ses enfants Marguerite-Henriette |P.1185] unie en 1712 à Cardin Le Bret de Flacourt [PC.1184], comte de Selles.

Les membres de la maison de Labriffe, modèles assidus du portraitiste, étaient seigneurs de Ponsan, marquis de Ferrières, barons d’Arcy-sur-Aube, comtes d’Amilly, marquis et comtes de Labriffe. Cette maison ancienne, originaire du vicomté de Fezenzaguet, en Armagnac, où sont situés la terre et le château de Labriffe, se distingua par ses alliances, ses possessions et ses services militaires.


 mises à jour : * 22 septembre 2021

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan