SOANEN Jean de

Catégorie: Portraits
Année : 1705

 

*PC.900

Âge du modèle : 58 ans

Huile sur toile
Dimensions inconnues [buste]
Localisation actuelle inconnue.

Historique :

Paiement inscrit aux livres de comptes en 1705 pour 150 livres (ms. 624, f° 24 : « M[onsieu]r L’eveque de Senes, Soannen. Habillement répété », 150 livres).

Bibliographie :

Roman, 1919, p. 116, 118 ; Jalouste, 1902, p. 193 ; Juge-Chapsal, 1942, t. XXIX, n°182, p. 118 ; Perreau, 2013, cat. *PC.900, p. 193 ; James-Sazarin, 2016, II, cat. P.941, p. 319, tableau non localisé (2003/2, cat. I, n°776, idem).

Œuvres en rapport : 

  • 1. Huile sur toile d'après Rigaud (Delaunay ?). Anciennement dans la famille de l'arrière petite-fille du modèle à Riom, Mme Féry d'Esclands, née Lagout1.

Copies et travaux : 

  • 1705 : Delaunay reçoit 6 livres pour avoir peint « le rochet de m[onsieu]r levesque de Senéz » (ms. 625, f° 18 v°).

Descriptif :

Jean Soanen (Riom, 10 janvier 1647-1740), fils de Mathieu Soanen procureur au siège épiscopal de Riom et de Gilberte Sirmond, nièce du célèbre confesseur de Louis XIII, entra comme prêtre de l’oratoire dès 1661 où il suivit l'enseignement du père Quesnel, connu pour ses Réflexions morales que la fameuse Bulle Unigénitus frapperont plus tard d'anathème. Professant  ses humanités et la rhétoriques dans plusieurs villes du royaume, dont sa ville natale, il fut envoyé à Lyon en novembre 1679 pour y préparer son prêche au Carême de 1681. Il réitéra l'opération devant la cour en 1686 et en 1688 après avoir prononcé avec éclat l'oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche, en 1683, dans l'église de l'Oratoire de la rue Saint Honoré à Paris.

Député pour le roi à l'assemble de la congrégation en 1690, Soanen fut nommé évêque de Senez le 8 septembre 1695, scaré le 1er juillet de l'année suivante par le cardinal de Noailles. Conseiller et prédicateur ordinaire du roi de 1695 à 1727 (Aix-Marseille, Toulouse ou Montpellier l'accueillirent), ami de Bourdaloue, il fut député à l’Assemblée du clergé en cette année 1705, ce qui le motiva à pousser les portes de l'atelier de Rigaud. « De mœurs pures et de caractère rigide », Soanen fut l'un des quinze évêques qui refusèrent de reconnaître la bulle Unigénitus lancée par Romen en 1713 et fut exilé dans son diocèse jusqu'à la mort de Louis XIV. Libéré de son exil par lévènement du Régent, il fut, avec les évêques de Montpellier, Mirepoix et Boulogne, l’un des appelants de la bulle Unigenitus au Concile général en 1717, tous quatre immortalisés par une estampe d'Étienne Ficquet.

L'agitation relançée, Soanen fut une nouvelle fois invité par le Régent à se retirer dans ses terres mais poursuivit le combat janséniste, faisait sinquiéter l'avocat Mathieu Marais dans son Journal : « Rome nous domine plus que jamais ; nos libertés s'en vont, nous tombons dans l'infaillibilité ». Après bien des péripéties, Soanen fut définitivement exilé par lettres de cachet du 13 octobre 1727 à l'abbaye de La Chaise Dieu où il mourut dans le plus strict dénuement mais encré dans ses convictions. Lors d'une de ses visites, Jean-Baptiste Massillon, évêque de Clermont écrivait ainsi en 1727 au cardinal de Bissy : « J'ai M. L'évêque de Senez dans mon diocèse, mais fort éloigné de la ville épiscopale et dans un pays de montagnes inabordables en hiver. On m'assure qu'il persiste toujours dans le mauvais parti qu'il a pris. Il est bien triste pour l'église que des évêque qui auraient pu l'édifier et l'honorer par des mœurs épiscopales, la scandalisent et l'affligent par un esprit de schisme et de révolte »2

Roman situait le portrait de Soanen au palais épiscopal de Digne. La gravure de Desrochers que Roman liait au portrait de Rigaud, nous semble plutôt une réinterprétation de l’estampe faite ad vivum par Tardieu en 17163. L'évêque a également été portraituré par Jean Raoux, œuvre gravée en buste par Balechou4.

Une version du tableau était signalée chez les descendants du modèle en Auvergne, à Riom, et fut illustrée en page 193 du Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne de 1902. L'image est de mauvaise qualité mais nous donne toutefois une idée de la physionnomie du modèle et de la posture, classique, utilisée par l'artiste. Soanen est présente en buste, tourné vers la gauche, revêtu de son camail d'évêque et porte la croix épiscopale autour du cou. Le rendu des matière plaide pour une travail, sinon de l'atelier, du moins d'un copiste d'après l'original qui demeure à notre sens perdu5.

 


1. Élie Jaloustre, « Notes et documents concernant l'histoire d'Auvergne, un Janséniste en exil, Jean Soanen, évêque de Senez à l'abbaye de la Chaise Dieu », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne publié par l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, 1902, p. 193, ill. L'information a été reprise à Juge-Chapsal en 1942 avec une image de moins bonne qualité encore, due Jaloustre.

2. Pour plus de détails sur la vie de l'évêque voir abbé J.-B . Gaultier, La vie et les lettres de Messire Jean Soanen, évêque de Senez, 2 vol. Cologne, 1750.

3. Roux, 1951, VII, n° 548, p. 251

4. voir Georges Wildenstein, « L’inventaire après décès de Jean Raoux », Gazette des Beaux-arts, mai-juin 1958, n°695, p. 311-320.

5. James-Sarazin, dans son ouvrage de 2016 donne l'original comme localisé en collection privée mais illustre sa notice avec l'image donnée par Juge-Chapsal qui avait repris Jalouste. Aujourd'hui aucun élément ne permet de dire si cette version constitue ou non l'original.

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud. Coll. musée d’art Hyacinthe Rigaud / Ville de Perpignan © Pascale Marchesan / Service photo ville de Perpignan